« Plus de 75 000 personnes mourront de faim au cours des trois jours pendant lesquels les ministres de l’Agriculture des pays du G8 se réuniront pour discuter de la crise alimentaire », a déclaré Oxfam aujourd’hui. Oxfam lance un avertissement aux ministres qui se réuniront du 18 au 20 avril 2009, déclarant que la réponse à la crise alimentaire mondiale ne doit pas se traduire par une augmentation de la production dans les pays riches mais par le soutien aux agriculteurs les plus pauvres du monde.Un mélange d’anciens et de nouveaux problèmes (règles commerciales déloyales favorisées par les pays riches, sous-investissement dans l’agriculture mondiale, crise économique et changement climatique) contribue à ce que 963 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim.Depuis des décennies, les pays du G8 refusent catégoriquement d'apporter des modifications aux politiques agricoles et commerciales qui nuisent à la production alimentaire dans les pays pauvres. Les pays riches fournissent plus de 125 milliards d’USD en subventions directes à leurs propres agriculteurs, dont la production est écoulée à bas prix sur les marchés des pays pauvres, ce qui provoque la faillite des agriculteurs locaux.En revanche, les pays du G8 ont fourni moins d’un cinquième des 20 milliards d’USD d’aide agricole promise lors du Sommet de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome en 2008, et il n’est toujours pas clair si ces fonds sont en complément des dépenses actuelles d’aide à l’étranger. Selon la FAO, 30 milliards d’USD sont nécessaires chaque année pour soutenir les agriculteurs des pays en développement.Le prix des céréales dans le monde a augmenté de 71 % par rapport à 2005 et la FAO a lancé un avertissement sur le fait qu’une nouvelle hausse des prix est susceptible de se produire en 2009. Les populations les plus pauvres, consacrant 50 à 80 % de leurs revenus à l’alimentation, seront confrontées à la faim et à la malnutrition. En attendant, les agriculteurs vivant dans la pauvreté ne profitent pas des prix plus élevés car ils manquent d’accès aux marchés.Le changement climatique aura un impact considérable sur l’agriculture, surtout dans les pays les plus pauvres. Selon les estimations, 170 millions de personnes supplémentaires risquent de souffrir de la faim en raison de la baisse des rendements issus de l’agriculture pluviale en Afrique et dans d’autres parties du monde.Oxfam appelle les pays du G8 à s’engager auprès des petits producteurs alimentaires dans les pays en développement, sous forme d’aide prévisible et à long terme. Ils doivent veiller ce que les agriculteurs vivant dans la pauvreté puissent s’exprimer lors des discussions visant à faire face à la crise alimentaire, et réformer radicalement les politiques des pays riches dans le domaine commercial, énergétique, agricole et financier, qui ont contribué à créer cette crise.Chris Leather, conseiller senior dans le domaine alimentaire pour Oxfam International a déclaré :« Aujourd’hui, un enfant meurt de faim toutes les 5 secondes. Ce seul fait devrait pousser les ministres de l’Agriculture des pays les plus riches au monde à agir.« Les ministres de l’Agriculture doivent reconnaître que résoudre la crise alimentaire signifie aider les agriculteurs des pays pauvres de garder la tête hors de l’eau pendant ces moments difficiles, et non accroître la production alimentaire dans les pays riches. »
Aujourd’hui, un enfant meurt de faim toutes les 5 secondes. Ce seul fait devrait pousser les ministres de l’Agriculture des pays les plus riches au monde à agir.
Chris Leather
Conseiller senior dans le domaine alimentaire pour Oxfam International