En réaction au rapport du FMI, Oxfam demande au gouvernement de faire de la lutte contre les inégalités une priorité des politiques au Maroc, en traduisant notamment cet engagement dans la loi-cadre de réforme du système fiscal.
Dans son rapport publié le 16 juillet, le Fonds Monétaire International (FMI) tire la sonnette d’alerte sur la crise des inégalités au Maroc. D’après ce rapport, « les taux de pauvreté ont considérablement diminué au cours de la dernière décennie, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour réduire les inégalités. Des disparités régionales et sociales importantes subsistent, notamment en ce qui concerne l'accès aux services publics. Des politiques axées sur les pauvres et la classe moyenne, notamment une fiscalité équitable et une efficacité des dépenses publiques, ainsi qu'un meilleur ciblage des programmes sociaux, seront essentiels pour réduire les inégalités ». Le FMI appelle à poursuivre les réformes visant à « accroître la croissance et l'inclusion, notamment en améliorant la gouvernance du secteur public, en promouvant le développement du secteur privé, et en réduisant les inégalités ».
Par ailleurs, le rapport du FMI met en exergue un certain nombre de recommandations concernant les questions fiscales, notamment l’élargissement de l’assiette fiscale, à travers notamment « la réduction des exonérations fiscales et la lutte contre la fraude fiscale » [1].
Il y a deux mois, à l’occasion des Assises de la fiscalité, Oxfam au Maroc lançait une campagne pour agir contre les inégalités rappelant que le Royaume est un des pays les plus inégalitaires de la région. Dans son rapport, « Un Maroc égalitaire, une taxation juste » [2], l’ONG a dressé un état des lieux sur les inégalités et a formulé des recommandations pour faire de la fiscalité un instrument de réduction des inégalités.
Si des progrès importants ont été réalisés au Maroc dans la réduction de l’extrême pauvreté - le taux de pauvreté passant de 15,3% en 2001 à 8,9% en 2007 et à 4,8% en 2014 - la persistance des inégalités fait craindre un retour en arrière.
Au niveau national, un Marocain sur huit est en situation de vulnérabilité, susceptibles de basculer dans la pauvreté à tout moment, tandis que près d’un sur cinq l’est en milieu rural.
Pour Abdeljalil LAROUSSI, responsable plaidoyer et campagnes à Oxfam au Maroc : « La position du FMI confirme qu’il y a aujourd’hui un large consensus sur la nécessité de combattre les inégalités au Maroc car elles mettent une grande partie de la population en situation d’extrême vulnérabilité et nuisent à la croissance économique à long terme. La lutte contre les inégalités est un combat porté par la société civile depuis des années, et doit représenter maintenant une priorité du gouvernement et des institutions concernées ».
« Un projet de loi-cadre sur la fiscalité est en cours d’élaboration pour porter les grands principes de la réforme fiscale à venir et la programmation sur 5 ans, à partir de 2020, des principaux engagements du Maroc en la matière. Ce projet de loi-cadre doit rester fidèle aux attentes exprimées de façon unanime lors des Assises de la fiscalité : bâtir collectivement un système fiscal plus juste, performant et inclusif. Les failles de notre système fiscal actuel pénalisent l’ensemble des citoyennes ; nous devons nous y attaquer de front si nous voulons combattre efficacement les inégalités dans notre pays ».
« Face aux attentes des citoyen·ne·s, les dirigeants politiques pourraient avoir un impact positif en s’attaquant notamment à l’évasion fiscale, en veillant à ce que les multinationales et les grandes fortunes paient leur juste part d’impôts et en investissant cet argent dans un système éducatif et de santé accessibles à tous et toutes. Le gouvernement peut créer des perspectives d’avenir prometteuses pour tous les Marocaines ».
Oxfam Maroc réitère sa position que la lutte contre les inégalités et la pauvreté doit être au cœur de l’ensemble des actions et politiques publiques au Maroc et mener le gouvernement à adopter un plan d’action urgent à travers 6 demandes prioritaires [3].
Notes to editors
[1] Le Fonds Monétaire International a publié son rapport suite aux entretiens relatifs aux consultations de 2019 au titre de l’article IV et à la première revue de l’accord au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) :
https://www.imf.org/en/Publications/CR/Issues/2019/07/12/Morocco-2019-Article-IV-Consultation-Press-Release-Staff-Report-and-Statement-by-the-47114
[2] Le rapport « Un Maroc égalitaire, une taxation juste », le document méthodologique connexe et l’ensemble des recommandations sont disponibles en ligne. Selon le rapport d’Oxfam :
• Il faudrait 154 ans à une personne salariée au SMIG pour gagner ce que reçoit en 12 mois l’un des milliardaires du Maroc.
• 82% des recettes de l’impôt sur les sociétés proviennent de seulement 2% des sociétés.
• Le montant des pertes fiscales subies par le Maroc chaque année du fait des pratiques fiscales des multinationales s’élève à 2,45 milliards de dollars.
• Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) urbains est de 42,8%.
• La durée moyenne de scolarisation au Maroc est de 4,4 années.
• Le Maroc ne compte que 6,2 médecins pour 10 000 habitants, contre 12 en Algérie et en Tunisie et 37,1 en Espagne.
[3] Les 6 demandes prioritaires d’Oxfam au Maroc :
• Garantir un partage des richesses plus équitable, et mettre fin à l’économie de rente et des privilèges;
• Recourir à une fiscalité juste et progressive pour imposer davantage ceux qui en ont les moyens, et adopter une politique redistributive juste et équitable, notamment par l’amélioration de la progressivité de l’impôt, l’introduction d’une fiscalité du patrimoine, et la suppression des exemptions et incitations fiscales favorisant la fraude et l’évasion fiscale;
• Lutter contre l’évasion fiscale pour financer des services publics de qualité comme l’éducation et la santé ;
• Assurer l’accès à un travail décent, encourager le dialogue social en revalorisant notamment le rôle des syndicats, et formaliser l’activité économique en mettant en avant les avantages de la formalisation (sécurité sociale, etc.) ;
• Prendre en considération les inégalités liées au genre et aux besoins spécifiques dans toutes les politiques publiques en commençant par l’égalité des chances dans l´accès à la santé, à l’éducation et au travail décent ;
• Lutter contre les disparités territoriales et améliorer la gouvernance à travers la reddition des comptes, la transparence, l´accès à l´information et la participation de la société civile.
Contact information
Abdeljalil Laroussi | (+212) 619 49 87 50 | abdeljalil.laroussi@oxfam.org
Pour des informations de dernière minute, suivez-nous : @Oxfam
[1] Le Fonds Monétaire International a publié son rapport suite aux entretiens relatifs aux consultations de 2019 au titre de l’article IV et à la première revue de l’accord au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) :
https://www.imf.org/en/Publications/CR/Issues/2019/07/12/Morocco-2019-Article-IV-Consultation-Press-Release-Staff-Report-and-Statement-by-the-47114
[2] Le rapport « Un Maroc égalitaire, une taxation juste », le document méthodologique connexe et l’ensemble des recommandations sont disponibles en ligne. Selon le rapport d’Oxfam :
• Il faudrait 154 ans à une personne salariée au SMIG pour gagner ce que reçoit en 12 mois l’un des milliardaires du Maroc.
• 82% des recettes de l’impôt sur les sociétés proviennent de seulement 2% des sociétés.
• Le montant des pertes fiscales subies par le Maroc chaque année du fait des pratiques fiscales des multinationales s’élève à 2,45 milliards de dollars.
• Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) urbains est de 42,8%.
• La durée moyenne de scolarisation au Maroc est de 4,4 années.
• Le Maroc ne compte que 6,2 médecins pour 10 000 habitants, contre 12 en Algérie et en Tunisie et 37,1 en Espagne.
[3] Les 6 demandes prioritaires d’Oxfam au Maroc :
• Garantir un partage des richesses plus équitable, et mettre fin à l’économie de rente et des privilèges;
• Recourir à une fiscalité juste et progressive pour imposer davantage ceux qui en ont les moyens, et adopter une politique redistributive juste et équitable, notamment par l’amélioration de la progressivité de l’impôt, l’introduction d’une fiscalité du patrimoine, et la suppression des exemptions et incitations fiscales favorisant la fraude et l’évasion fiscale;
• Lutter contre l’évasion fiscale pour financer des services publics de qualité comme l’éducation et la santé ;
• Assurer l’accès à un travail décent, encourager le dialogue social en revalorisant notamment le rôle des syndicats, et formaliser l’activité économique en mettant en avant les avantages de la formalisation (sécurité sociale, etc.) ;
• Prendre en considération les inégalités liées au genre et aux besoins spécifiques dans toutes les politiques publiques en commençant par l’égalité des chances dans l´accès à la santé, à l’éducation et au travail décent ;
• Lutter contre les disparités territoriales et améliorer la gouvernance à travers la reddition des comptes, la transparence, l´accès à l´information et la participation de la société civile.
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