À Koweït les États doivent se montrer généreux dans leur aide à la population syrienne et poursuivre leur action à Genève

Publié: 15th janvier 2014

De nouvelles analyses révèlent que des États du Moyen Orient, ainsi que le Royaume-Uni ont surpassé leur juste contribution à l’aide humanitaire, alors que la Russie et le Japon sont à la traîne.

Selon l’organisation internationale de développement Oxfam, la lassitude des donateurs n’a pas sa place à la Conférence de Koweït, les États doivent en effet s’engager fermement à financer la réponse humanitaire à la crise syrienne et soutenir les pays limitrophes qui accueillent les réfugiés.

L’étude, publiée aujourd’hui par l’organisation, détaille quels pays donateurs sont à la hauteur de leurs responsabilités en matière de financement de la réponse humanitaire à la crise syrienne, et ceux qui sont fortement en dessous.

Des besoins humanitaires urgents

Alors que les négociations qui doivent se tenir à Genève visent une solution politique durable, Oxfam estime que les pays donateurs doivent également se concentrer sur le financement de l’appel des Nations unies pour la Syrie, à hauteur de 6,5 milliards de dollars, afin de garantir aux Syriennes et Syriens l’aide humanitaire dont ils ont désespérément besoin. Outre, les promesses de dons, les États à Koweït doivent également se concentrer sur les mesures qui permettront d’améliorer la situation humanitaire et d’assurer que les conditions favorables à un accord de paix seront réunies.

Plusieurs Etats montrent l'exemple

L’étude révèle que certains États fournissent davantage que ce qui serait considéré comme leur juste contribution à l’effort humanitaire. Des États arabes, et notamment les pays accueillant les réfugiés syriens, montrent le chemin, avec en tête la Jordanie (12 720 %), le Liban (5 617 %), le Koweït (1 444 %), l’Arabie Saoudite (324 %) et l’Irak (450 %).

La Turquie dépasse sa juste contribution de 930 %, c’est aussi le cas du Danemark (379 %), de la Norvège (380 %) et du Royaume-Uni (298 %).

Un moment critique

Gareth Price Jones, qui dirige l’intervention humanitaire d’Oxfam en Syrie et qui assiste à la Conférence à Koweït, a déclaré : « La Conférence à Koweït arrive à un moment critique, les besoins humanitaires des Syriennes et Syriens continueront de s’accroître cette année encore, et probablement au-delà, alors que le conflit perdure. Les pays donateurs ne peuvent pas se reposer sur leurs lauriers. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.

« Les Nations unies ont lancé le plus important appel de fonds de leur histoire. Cela n’a pas été fait à la légère. L’ampleur de l’appel reflète simplement celle des besoins. Si tous les pays donnaient leur juste contribution, l’appel serait financé. Nous encourageons tous les États à ne pas reculer devant leurs responsabilités et à accomplir leur devoir. »

Les pays qui sont à la traîne

Cependant près de deux tiers des États, certains parmi les plus riches du monde et membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, donnent moins que ce qui serait attendu d’eux compte tenu de la taille de leurs économies.

Basée sur des chiffres du Service de surveillance financière (FTS) des Nations unies, l’étude démontre que la Russie est loin de répondre aux attentes, n’ayant engagé que 5 % de ce qui serait considéré comme sa juste contribution, de même que la Corée du Sud. Le Japon est aussi bien en-deçà de ses objectifs, n’ayant contribué qu’à hauteur de 31 %.

La France (77 %) s’est montrée relativement généreuse, mais doit encore accroître son effort. Quant aux États-Unis (88 %), le plus gros bailleur des appels de fonds des Nations unies pour répondre à la crise syrienne, ils ont certes joué un rôle de premier plan, mais n’ont pas encore fait leur juste part.

L’étude réalisée par Oxfam établit le montant de l’aide qui devrait être engagée par chaque pays, au regard de son revenu national brut (RNB) et sa richesse cumulée. Selon la précédente analyse d’Oxfam datée de septembre 2013, la Russie et la France accusaient un retard important. L’appel des Nations unies, établi en juin dernier pour un total de 5 milliards de dollars, était financé à hauteur de 70 % quand il a été clôturé à la fin de l’année dernière.

Soutenir les pays d'accueil des réfugiés

Outre le financement des derniers appels des Nations unies, à Koweït, il sera demandé aux États de fournir l’aide financière tant attendue pour soutenir les plans de réponse des pays voisins de la Syrie. Les plans de réponse nationaux répondent aux besoins auxquels font face les pays accueillant des millions de réfugiés. Les communautés sont maintenant confrontées à une surcharge énorme de leurs infrastructures et leurs services sociaux, et nécessitent des ressources supplémentaires pour calmer les tensions et améliorer les conditions de sécurité.

« Non seulement le nombre des personnes dans le besoin explose, mais en plus, les frais de fonctionnement et le prix des matières premières sont élevés au Moyen-Orient, ajoute Gareth Price Jones. Les coûts augmentent et chaque centime compte. Le besoin d’argent est urgent pour continuer à financer l’essentiel, notamment les abris, l’alimentation et l’eau, pour les réfugiés comme pour les personnes vivant en Syrie.

Des pourparlers de paix ouverts

« Il est nécessaire d’assurer le financement intégral de la réponse humanitaire en faveur des Syriennes et Syriens affectés par le conflit, mais ce n’est pas suffisant. De nombreux États présents à Koweït seront aussi représentés à Genève ; ils doivent encourager des négociations de paix ouvertes à toutes les parties et maintenir leurs efforts pour renforcer les chances d’une résolution de la crise. »

Les besoins humanitaires des Syriennes et Syriens continueront de s’accroître cette année encore, et probablement au-delà, alors que le conflit perdure. Les pays donateurs ne peuvent pas se reposer sur leurs lauriers.
Gareth Price Jones
Responsable des opérations humanitaires d'Oxfam en Syrie

Notes aux rédactions

  1. Pour plus de détails, consulter : Oxfam 'Fair Share' Analysis for Syria Response 2014 (en anglais) 
  2. Les calculs d’Oxfam sont basés sur les données du Service de surveillance financière (FTS) des Nations unies, du Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) des Nations unies et de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO), ainsi que sur les contributions bilatérales confirmées par les pays donateurs. Oxfam veille à ce que les informations utilisées dans l’analyse soient aussi précises que possible, mais ne peut les garantir. Les chiffres ont été vérifiés pour la dernière fois le lundi 13 janvier. Les données de RNB proviennent de la Banque mondiale : RNB par habitant (dollars PPA internationaux courants), 2012.
  3. En 2013, selon les données du Service de surveillance financière des Nations unies, 62,5 % des financements pour la réponse à la crise syrienne ont été effectués par les agences des Nations unies, 20,9 % par des ONG internationales, et un peu plus de 1 % provient de financements bilatéraux entre États. Les financements des ONG sont le fait à 98,34 % d’ONG internationales et seulement à 1,64 % d’ONG nationales.
  4. Toujours selon les données du FTS, en 2013, la Russie faisait partie du top 20 des donateurs à la réponse humanitaire pour la Syrie. Cependant, les chiffres de notre analyse prennent en compte la contribution totale de la Russie au plan d’action Syrie et au plan d’action régional pour les réfugiés syriens en 2012 et 2013, aux appels du CICR et l’IFRC, ainsi qu’aux appels nationaux en faveur de la Jordanie et du Liban. Les chiffres sont tirés des dernières données fournies par le FTS sur son site Web, le 10 janvier 2014.

Ce communiqué est également disponible en arabe

Contact

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