Six ans après les manifestations qui ont entraîné le pays dans une sanglante guerre civile, des millions de Syriennes et Syriens paient un lourd tribut à des politiques de plus en plus restrictives les empêchant de se mettre en sécurité, en Syrie et à travers le monde.
Avec l’adoption de politiques hostiles aux réfugiés dans les pays riches, les hommes, les femmes et les enfants qui ont fui la Syrie voient les portes se fermer. Depuis la fin janvier 2017, les États-Unis et des pays membres de l’Union européenne, dont le Royaume-Uni, ont modifié, suspendu ou annulé des politiques qui auraient permis d’offrir l’asile à des dizaines de milliers de réfugiés.
Sont particulièrement vulnérables les quelque 78 000 personnes bloquées le long de la frontière désormais fermée avec la Jordanie, les centaines de milliers d’autres ne pouvant pas entrer en Turquie et les plus de 640 000 habitants qui peinent à survivre sous un siège militaire imposé par le gouvernement syrien et ses alliés, les groupes armés d’opposition et Daech.
Andy Baker, qui dirige la réponse d’Oxfam à la crise syrienne, a déclaré : « Un nouveau consensus international s’ébauche pour arrêter la fuite des Syriens face aux violences, au lieu d’arrêter ces violences qui les poussent à fuir. Résultat : des civils dans la ligne de tir et en état de siège, des réfugiés vulnérables sans possibilité de réinstallation et des tentatives de renvoyer les populations syriennes dans des zones de conflit. »
Le président des États-Unis, Donald Trump, a récemment promulgué un nouveau décret qui signifie l’arrêt complet du programme américain de réinstallation des réfugiés pendant 120 jours. Cette mesure sans précédent représente une réelle menace pour la vie des Syriens et des autres réfugiés qui, compte tenu de la multiplicité des examens médicaux et contrôles de sécurité qu’ils doivent subir dans le cadre de la procédure de sélection, n’ont en fait que deux mois pour arriver dans le pays avant l’expiration du délai de validité. Pour Oxfam, il s’agit là d’une « nouvelle tentative de fermer la porte à des milliers de réfugiés vulnérables qui ont cruellement besoin d’aide ».
Ce mercredi 15 mars, six ans jour pour jour après les premières manifestations en Syrie, l’Union européenne lèvera la suspension des retours de demandeurs d’asile vers la Grèce au titre du règlement de Dublin. Les réfugiés entrant en Grèce après cette date et voyageant en Europe risqueront dès lors d’être renvoyés en Grèce pour le traitement de leur demande d’asile. La Commission européenne a pourtant elle-même admis qu’une telle politique fait peser une charge colossale sur le système d’asile grec et crée des conditions de vie épouvantables.
Cela fera également un an qu’a été signé l’accord entre l’Union européenne et la Turquie, cause de grandes souffrances pour de nombreuses personnes, dont beaucoup de Syriennes et Syriens, espérant trouver refuge et une vie meilleure en Europe. À la suite de cet accord, beaucoup se sont retrouvés confrontés à des conditions de vie épouvantables dans des centres surpeuplés, sur les îles grecques, tandis que l’Europe s’efforçait de les renvoyer vers la Turquie pour ne pas avoir à traiter les demandes d’asile sur son territoire.
En février, le gouvernement britannique a annoncé qu’il n’allait plus accepter d’enfants réfugiés non accompagnés en provenance d’Europe en vertu d’un amendement de sa loi sur l’immigration adopté l’an dernier.
En Syrie, l’étau se resserre sur les populations civiles des zones assiégées. Comme à Alep en fin d’année dernière, lorsqu’un territoire est repris par le gouvernement syrien et ses alliés, les civils ont le choix entre l’évacuation – souvent vers des zones à risque et dont le chemin est lui-même semé de dangers – ou rester sur place et accepter l’autorité du gouvernement syrien, ce qui comporte des risques considérables pour les personnes dont le gouvernement estime qu’elles font partie de l’opposition. Les humanitaires qui ont aidé leurs communautés au cours des dernières années de guerre risquent notamment de faire l’objet de représailles.
Pour Andy Baker, « la communauté internationale doit entendre toutes celles et ceux qui souffrent de la crise en Syrie, aussi bien les personnes qui ont été contraintes de fuir le pays que celles qui y sont restées et les organisations humanitaires locales qui les ont aidées dans cette tragédie. Tant qu’il n’y aura pas de paix durable en Syrie, tous les membres de la communauté internationale auront le devoir d’offrir refuge à celles et ceux qui fuient les violences et la répression. »
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Contact presse : Joelle Bassoul | jbassoul@oxfam.org.uk | +961-71525218
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