Depuis 2018, Oxfam réaffirme son engagement en matière de prévention et protection, notamment en renforçant ses politiques, en élaborant des procédures et en s’assurant que ses programmes et les membres de son personnel ne nuisent en aucune façon aux personnes et communautés avec lesquelles l’organisation travaille, y compris en prévenant toutes les formes d’exploitation et d’abus.
Dans le cadre de cet engagement, des formations ont été dispensées aux membres du personnel afin de développer leur expertise liée aux différents rôles associés à la programmation sûre : identifier les situations potentiellement à risque et élaborer des plans d’atténuation des risques encourus par les personnes auxquelles Oxfam vient en aide. L’équipe humanitaire mondiale d’Oxfam s’est fixé pour objectif que tous les membres du personnel suivent la formation dédiée à la programmation sûre d’ici la fin de l’année 2020.
Voici deux exemples de formation consacrée à la programmation sûre et de la façon dont les membres des équipes pays d’Oxfam appliquent ces enseignements dans le cadre de leurs programmes humanitaires.
Sénégal
Au Sénégal, Oxfam a organisé en janvier 2020 un atelier dédié à la programmation sûre destiné aux membres de son personnel et aux représentants locaux offrant une aide humanitaire aux communautés touchées par la vague de sécheresse qui a frappé le pays en 2019. Cette réponse a été mise en œuvre conjointement par le gouvernement sénégalais et un consortium dirigé par le réseau START comprenant des organisations non gouvernementales dont Action contre la Faim, Save the Children, World Vision, Catholic Relief Services, Plan International et Oxfam.
Oxfam contribue au projet en offrant une aide financière et alimentaire aux familles avec enfants en bas âge vivant dans la région de Louga, la priorité étant donnée aux foyers dirigés par des femmes appartenant aux communautés les plus vulnérables et confrontés à un risque élevé d’insécurité alimentaire.
Des membres du personnel d’Oxfam se sont réunis avec des promoteurs locaux chargés de mener des enquêtes et de sélectionner les familles admissibles. Ils leur ont dispensé des formations afin de leur apprendre à expliquer aux familles recevant une aide financière et alimentaire d’une part que l’on n’attend rien d’elles en échange, et d’autre part comment déposer une plainte au cas où cette règle serait enfreinte.
Oxfam a expressément formé ces promoteurs locaux (appelés « relais ») car « ces personnes sont originaires des communautés que nous avons ciblées, vivent parmi elles, parlent les mêmes langues qu’elles, et sont confrontées à la même réalité », explique Mbaye Kane Dieng, responsable de la sécurité alimentaire pour Oxfam au Sénégal. « Cela nous permettait par ailleurs d’embaucher des habitant-e-s des environs, de renforcer leurs capacités et de les former directement sur le terrain. »
Afin de réduire les risques pour les communautés recevant de l’aide, la collaboration avec les représentant-e-s des communautés pour identifier les personnes les plus dans le besoin et s’assurer qu’elles comprennent leurs droits constitue un moyen essentiel d’instaurer la confiance. Étant donné qu’Oxfam devait poser des questions particulièrement délicates concernant la capacité de ces familles à subvenir à leurs besoins, nous souhaitions que les membres des communautés se sentent suffisamment en confiance pour aborder ces sujets.
Un message essentiel communiqué par nos relais aux membres des communautés devait être particulièrement clair : aucun membre de ces communautés n’était tenu de donner ou d’échanger quoi que ce soit (y compris des faveurs sexuelles) pour être inclus dans la liste des personnes susceptibles de percevoir une aide.
Oxfam et le réseau START se sont également assurés de continuer à faire passer ce message tout au long de la mise en œuvre du projet, et ont fait en sorte que « l’enquête de suivi post-distribution inclurait des questions de suivi axées sur l’exploitation et les abus sexuels, » explique Khar Ndieye, gestionnaire de programme pour Oxfam.
Les formations consacrées à la programmation sûre aident les partenaires locaux tels que les relais travaillant au sein du réseau START ainsi que les membres du personnel d’Oxfam à être sur la même longueur d’onde en matière de tolérance zéro envers toute personne réclamant des faveurs sexuelles en échange d’argent, de biens ou de services. Les membres du personnel d’Oxfam et du réseau START appliquent par ailleurs la même réponse face à toute personne souhaitant déposer une plainte.
« Nous leur demandons de signaler toute plainte directement aux équipes spécialisées chargées de la prévention et protection, précise Jennifer Emond, conseillère principale en prévention et protection, qui a dispensé la formation consacrée à la programmation sûre aux membres du personnel d’Oxfam et de ses partenaires ainsi qu’aux relais au début de l’année 2020. « Un signalement opportun est essentiel afin que nous puissions accompagner la personne ayant été confrontée à des violences et enquêter sur les accusations de façon sûre et centrée sur ses intérêts », poursuit-elle.
El Salvador
Dans le cadre de sa formation au Salvador, Oxfam Amérique a convaincu l’organisation Margaret A. Cargill Philanthropies de financer un projet spécifiquement axé sur l’amélioration de la redevabilité envers les communautés grâce à la programmation sûre. Oxfam collabore avec trois organisations locales, et le projet a débuté par une formation consacrée à la programmation sûre destinée aux membres du personnel.
La subvention et la formation avaient pour objectif de les sensibiliser aux principes de la programmation sûre et à l’utilisation des technologies dans le but d’assurer le suivi des informations sur lesquelles Oxfam et ses partenaires peuvent se fonder pour rendre les programmes humanitaires plus inclusifs, réduire les risques pour les femmes et les groupes marginalisés, et améliorer la sécurité et la redevabilité des actions humanitaires.
La formation dédiée à la programmation sûre « permet une participation et une autonomisation accrues de la communauté, une plus grande transparence, tout en renforçant la confiance des communautés, des partenaires et des bailleurs de fonds avec lesquels nous collaborons », explique Mercedes Garcia, responsable du programme humanitaire pour Oxfam au Salvador. « L’objectif consiste à réduire le risque de causer involontairement du tort aux personnes les plus vulnérables », ajoute-t-elle.
Selon Mercedes Garcia, la pandémie de COVID-19 accroît les enjeux du programme humanitaire mené au Salvador : « Les gens ont de nombreux besoins, ce qui augmente les risques que leurs droits soient violés en raison d’abus de pouvoir ou d’abus sexuels de la part de différents acteurs réclamant des faveurs en échange d’une aide, etc. Ces abus peuvent être limités, voire empêchés, si nous en donnons les moyens aux personnes concernées et si elles peuvent contribuer à l’élaboration d’un système de rétroaction. »
L’un des partenaires d’Oxfam participant à ce projet est la Justice and Gender Foundation, qui « se spécialise dans les questions touchant à l’égalité entre les femmes et les hommes et les violences faites aux femmes, et joue un rôle essentiel en conseillant Oxfam sur les questions de genre, en organisant des formations et en offrant de l’aide et une protection en situations d’urgence », explique Melida Guevara, gestionnaire du programme de justice de genre chez Oxfam.
Grâce à l’aide de la fondation, l’initiative consacrée à la programmation sûre s’attache à protéger les droits des femmes victimes d’exploitation et d’abus sexuels car, comme le précise Melida Guevara, elles ont « le droit d’être écoutées et traitées avec dignité et respect, et de ne pas être blâmées ni de subir de nouvelles violences ».
Les connaissances approfondies de la Justice and Gender Foundation en matière de législation applicable aux violences faites aux femmes et aux cas d’exploitation aide Oxfam à « garantir le respect des protocoles de soins dans les cas de violences sexuelles, s’assurer que les personnes ayant été confrontées à des violences reçoivent de l’aide et une protection opportune et adaptée, que leur état émotionnel soit pris en compte, et qu’elles disposent de toutes les informations dont elles ont besoin concernant leurs droits » conclut Melida Guevara.