Lydia Doe, responsable du personnel et de la culture interne ainsi que point focal Prévention et protection, est chargée de la mise en œuvre de la stratégie et des politiques de prévention et protection à Oxfam au Ghana depuis qu’elle a intégré le service des ressources humaines en 2017. « La tolérance zéro est mon maître-mot », affirme-t-elle.
Renforcement des mécanismes internes
Oxfam au Ghana a adopté une approche à trois volets pour élaborer sa stratégie de prévention et protection : renforcer les mécanismes internes, collaborer étroitement avec les partenaires et sensibiliser la communauté à la protection contre l’exploitation et les abus sexuels (PEAS) aux côtés de ces partenaires. En 2018, l’organisation s’est consacrée à la formation du personnel, à la sensibilisation aux mécanismes de signalement d’Oxfam, ainsi qu’à la mise en place et à la formation d’une équipe de points focaux afin d’assurer une présence dans chaque bureau d’Oxfam au Ghana. Deux points focaux supplémentaires ont récemment été intégrés dans cette équipe.
Engagement et formation des partenaires
Dans le cadre d’une recherche menée en 2019 sur les politiques et pratiques de prévention et protection au Ghana, au Myanmar et en Iraq, deux conseillers/ères mondiaux/ales en prévention et protection d’Oxfam ont travaillé avec des membres de l’équipe locale d’Oxfam au Ghana ainsi que ses organisations partenaires, afin d’élaborer des stratégies visant à atténuer les risques en matière d’exploitation et d’abus sexuels au Ghana. À la suite de cette étude, Oxfam a aidé les partenaires à élaborer leurs propres politiques de prévention et protection ainsi que des mécanismes de signalement, notamment en renforçant l’éducation et la sensibilisation de la communauté.
Lydia a été agréablement surprise par l’engagement des partenaires à promouvoir ces politiques au sein de leurs organisations. En effet, 80 % (26 organisations) des partenaires avec lesquels nous travaillons au Ghana ont approuvé et mis en œuvre leurs propres politiques, y compris des politiques axées sur la protection de l’enfance, et disposent désormais d’un point focal formé. Lydia souligne qu’un facteur important expliquant l’intérêt des partenaires pour la mise en œuvre de ces politiques est que les bailleurs demandent de plus en plus à ces organisations de mettre en place de telles politiques avant de leur accorder un financement.
2020 : sensibilisation et éducation des communautés
L’évaluation menée en 2019 s’est concentrée sur deux régions du Ghana, où les programmes menés ont des objectifs différents : la ville de Sawla, dans la région des savanes, où Oxfam a fondé une école en 2008 pour augmenter la scolarisation des filles, et la ville de Tarkwa, dans la région aurifère du Ghana.
L’école pilote pour filles créée par Oxfam compte maintenant parmi les 62 écoles de ce type dans le pays. En novembre 2020, les points focaux d’Oxfam et CALID, une organisation partenaire qui promeut l’éducation et l’autonomisation des filles dans le domaine de la santé et des droits en matière de sexualité et de procréation, ont visité des écoles à Sawla et Kpandai.
L’objectif était de partager les principales conclusions du rapport de 2019 et de discuter de la prévention de l’exploitation et des abus sexuels (y compris des mécanismes de signalement adaptés à ces communautés), dans le cadre d’un forum auquel ont participé des jeunes filles, des chefs traditionnels, ainsi que des représentant-e-s des services de police et d’éducation du Ghana.
Les participant-e-s ont eu un retour positif sur cette initiative : « Je pense que maintenant, je pourrai signaler des abus à ma mère et à ma directrice », confie une étudiante.
« Nous avons découvert les voies de recours et les mécanismes de signalement à notre disposition. »
Les points focaux d’Oxfam ont également organisé un forum de sensibilisation et d’éducation à Tamale avec NORSAAC, une organisation partenaire qui soutient les communautés qui subissent les effets négatifs de l’exploitation aurifère. NORSAAC renseigne les communautés sur leurs droits juridiques, et elle les aide à défendre leurs intérêts et à obtenir de l’aide pour déposer des plaintes relatives aux actes répréhensibles commis par les sociétés minières.
Ce forum rassemblait un échantillon représentatif de jeunes de la région, y compris des membres du Réseau des jeunes du Nord, de la Ligue de la région du Nord, du Parlement des jeunes femmes, du Mouvement des jeunes femmes urbaines, du Groupe jeunesse active et du Parlement des jeunes de Sagnarigu.
« J’ai appris à faire la différence entre les programmes de prévention et protection et la programmation sûre, comment ils se recoupent et les voies de recours à notre disposition lorsque nous sommes confrontés à ces situations. » – Issa Rahama, de la Ligue de la région du Nord. Lydia et les autres points focaux prévoient de conclure les formations communautaires en 2021.
Lydia estime que le domaine de la prévention et protection a un avenir prometteur au Ghana : « Au cours de ma vie, j’ai remarqué qu’il y a certaines choses qui dérangent vraiment les gens sur leur lieu de travail : s’ils ont déjà un faible revenu, il ne faut pas rajouter à cela une culture négative d’intimidation et de harcèlement. En fait, il est plus important de mettre en place un milieu de travail sain et sûr, et cela incitera le personnel à s’engager à long terme. Les gens préfèrent la dignité à l’argent. »
L’équipe de prévention et de protection est composée des membres suivants :
- Johnson Naapi – Responsable des politiques d’éducation
- Samuel Boateng – Responsable MEAL
- Keita Rose-Tahiru – Conseillère sur les questions de genre
- Catia Santos – Conseillère régionale MEAL
- Dominique Ngoma Nkenzo – Assistante de projet régionale