Tout est lié : les prix des denrées alimentaires et du pétrole, la stagnation des rendements agricoles, le changement climatique, les inégalités entre les hommes et les femmes, les accaparements de terres... La combinaison de ces enjeux crée un système dominé par quelques entreprises et États puissants. Nous devons adopter un nouveau mode de pensée et de nouvelles idées porteuses, qui promettent un avenir meilleur pour le plus grand nombre, et non pour une petite minorité.
Les pertes de récoltes, souvent imputables au changement climatique, font flamber les prix alimentaires.
Dénuées de vision à long terme, les stratégies de production et de consommation d’agrocarburants jouent également un rôle : elles vident les assiettes pour remplir les réservoirs.
Les dysfonctionnements des marchés des matières premières font grimper les prix alimentaires bien plus rapidement qu’à la normale, et les effets sur les populations pauvres sont terriblement simples : les parents doivent choisir entre se nourrir et nourrir leurs enfants.
Alimentation et changement climatique
À mesure que les températures augmentent, les phénomènes météorologiques extrêmes se font plus fréquents et plus graves. Le réchauffement climatique entraînera une baisse des rendements agricoles, qui pourrait atteindre 50 % de leur niveau actuel dans certains pays africains. Avec le dérèglement des saisons, il sera encore plus difficile pour les agricultrices et les agriculteurs de savoir quand semer et récolter. À terme, il les empêchera de produire assez pour se nourrir et gagner leur vie. Les agricultrices et les agriculteurs tirent le diable par la queue, et près d’un milliard de personnes les plus pauvres au monde – et les moins responsables du changement climatique – ont de plus en plus de mal à nourrir leur famille.
Les phénomènes météorologiques extrêmes et l’imprévisibilité des saisons changent les capacités de production agricole et aggravent la faim dans le monde. Les prix des denrées alimentaires augmentent ; leur qualité diminue. Bientôt, le changement climatique affectera notre alimentation à toutes et tous. C’est pourquoi nous exhortons les États et les grandes entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à aider les agricultrices et agriculteurs à faire face aux effets du changement climatique, afin d’assurer que nous pouvons toutes et tous manger à notre faim. Pour empêcher que le changement climatique n’aggrave la faim dans le monde, il faut un accord mondial équitable qui permette de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 °C degrés et qui prévienne un emballement catastrophique du changement climatique. Rien de moins ne suffira.
Lutter contre les accaparements de terres
La demande foncière a explosé sous la pression des investisseurs qui cherchent à développer des cultures destinées à l’exportation et à la production d’agrocarburants ou simplement à réaliser des plus-values. Mais souvent, les terres dites « inexploitées » au moment de leur vente sont en réalité occupées par des familles pauvres qui les cultivent. Ces familles sont alors expulsées, souvent par la force. Les promesses d’indemnisation ne sont pas tenues. Les terres se bradent pour seulement 2,5 cents l’hectare au Soudan du Sud.
Il est possible d’arrêter les accaparements de terres. Nous avons déjà remporté plusieurs victoires. Mais pour pouvoir y mettre fin, une action efficace est indispensable au niveau international. Les États doivent garantir l’accès au foncier des petits agriculteurs, notamment des femmes qui ont les plus grandes difficultés à faire valoir leurs droits aux terres qu’elles cultivent. Les stratégies de production et de consommation d’agrocarburants doivent être sérieusement reconsidérées. Un projet qui remplit les réservoirs d’un côté mais vide les assiettes de l’autre est de toute évidence un désastre. Les investissements doivent être réalisés dans l’intérêt des communautés marginalisées, et non dans le seul souci des marges bénéficiaires.
Soutenir l’agriculture paysanne
Aujourd’hui, les rendements agricoles ne progressent plus, quelle que soit la quantité d’engrais utilisée. L’empreinte carbone de ces engrais est en outre énorme. 500 000 petites exploitations agricoles permettent cependant de nourrir deux milliards de personnes à travers le monde, soit une personne sur trois, et ce sans nuire à notre planète. Mais l’ironie veut que la majorité des personnes qui souffrent de la faim soient des paysannes et des paysans.
En soutenant l’agriculture paysanne avec des techniques durables, nous contribuons à assurer une production suffisante pour nourrir la population en constante augmentation, sans aggraver le changement climatique jusqu’au point de non-retour.
Interpeller le secteur privé
Certes le système alimentaire est complexe et pose des problèmes multidimensionnels, mais les grandes entreprises mondiales du secteur agroalimentaire ont une influence énorme. Leurs politiques influent sur les méthodes de production alimentaire, sur la façon dont les ressources naturelles sont utilisées et sur la mesure dans laquelle les bénéfices percolent jusqu’aux millions de personnes marginalisées en bas de leurs chaînes d’approvisionnement. La campagne CULTIVONS intitulée « La face cachée des marques » évalue les performances des grandes entreprises du secteur agroalimentaire par rapport à une série de standards essentiels et invite les personnes qui achètent leurs produits à les interpeller pour qu’elles s’engagent dans une course à l’excellence qui contribuera à améliorer les politiques sectorielles. Cette campagne vise à apporter aux client-e-s des grandes marques les informations dont ils ont besoin pour rappeler à ces entreprises que ce qui se passe dans leurs chaînes d’approvisionnement est de leur responsabilité.
Rejoignez-nous. Ensemble, nous pouvons gagner la lutte contre la faim dans le monde.