Monica Maigari est née et a grandi à Madakiya, dans le sud de l’État de Kaduna, au nord-ouest du Nigeria. En 2014, ses réalisations en tant qu’agricultrice, responsable communautaire et défenseuse des droits des femmes lui ont valu d’être reconnue « Héroïne de l’alimentation » par Oxfam. Depuis lors, elle a intensifié son engagement au sein de la communauté locale tout en faisant part de ses connaissances à des personnalités influentes.
Monica est agricultrice depuis plus de trente ans. Malgré les énormes défis auxquels sont confrontées les femmes agricultrices dans les zones rurales, tels que l’accès à la terre et aux marchés, le coût de la main-d’œuvre et le changement climatique, elle a obtenu d’excellents résultats. En 1984, elle a commencé avec un petit terrain destiné à la culture du maïs, puis a diversifié son activité, ajoutant à son actif d’autres cultures et de l’élevage.
Défier les conventions locales
Elle s’est également lancée dans des activités à valeur ajoutée telles que la fabrication de spécialités culinaires avec des produits locaux. Son esprit d’entreprise l’a conduite à proposer des produits populaires comme du gingembre en poudre qu’elle vend sur place comme épice et complément alimentaire.
Comme pour tous les agriculteurs de sa région, les rendements agricoles de Monica sont menacés par le dérèglement du climat. Elle joue un rôle de premier plan dans l’adaptation de sa communauté aux effets du changement climatique tout en incitant les responsables politiques à agir.
En novembre 2014, son esprit d’entreprise et son dynamisme ont valu à Monica de remporter le titre d’Héroïne de l’alimentation lors du concours national #OgbongeWoman parmi 1 280 candidates. Défiant les conventions locales, elle a décidé d’acheter une parcelle agricole avec l’argent de son prix.
En novembre 2015, lors du sommet pour le climat de Paris, Monica a participé à la « Marche pour le climat » à Abuja, qui visait à inciter les chefs d’État et de gouvernement du monde à adopter des mesures vigoureuses pour lutter contre le changement climatique. Elle a parlé à la presse des effets du changement climatique sur l’agriculture.
Elle explique que « dans [sa] communauté, les femmes ne possèdent pas de terres, sauf si elles peuvent en acheter, car la plupart des terres familiales se transmettent aux fils. Une femme qui a l’intention de posséder une parcelle doit donc être prête à travailler dur. J’ai décidé d’utiliser l’argent du prix Héroïne de l’alimentation pour acheter un terrain afin de réduire les frais de location des terres et de pouvoir réinvestir ces économies dans mon activité agricole. »
Monica emploie désormais environ 14 saisonniers sur sa ferme, principalement des jeunes. « Maintenant que je possède ma propre terre, ces jeunes auront plus de travail et plus d’argent en poche », se réjouit-elle.
Un événement qui a changé sa vie
Monica estime que le concours des Héroïnes de l’alimentation a changé sa vie : « J’ai acquis de nouvelles compétences, j’ai découvert la chaîne de valeur, et ma productivité, mes rendements et mes revenus n’ont cessé d’augmenter. Ma situation financière est plus stable. »
Depuis qu’elle a été distinguée par Oxfam, Monica est sollicitée pour témoigner de son expérience au Nigeria et dans d’autres pays. Elle est ainsi intervenue lors de conférences sur le développement à Addis-Abeba, en Éthiopie, et lors de divers événements aux États-Unis, dont une réunion d’information au Congrès américain et le dialogue Borlaug organisé en marge du Prix mondial de l’alimentation dans l’État de l’Iowa.
Par leur authenticité, ses connaissances et son savoir-faire ouvrent de nouvelles perspectives. Elle n’est ni une fonctionnaire, ni une représentante du monde des affaires ni une universitaire. Ces fonctions sont certes importantes, mais le point de vue d’une agricultrice directement aux prises avec les inégalités entre les femmes et les hommes, le changement climatique et les violences armées est rarement entendu. Son regard sur l’efficacité de l’aide internationale ou sur le développement durable des entreprises notamment est essentiel pour que quiconque s’intéresse au développement de l’agriculture dans le monde puisse prendre des décisions éclairées.
En devenant femme ogbonge, elle est devenue plus visible et peut désormais sensibiliser d’autres agricultrices et inciter les femmes à se lancer dans l’agriculture.
Consciente de son nouveau statut sans jamais se départir de son humilité, Monica se décrit simplement comme « une femme qui travaille dur et qui se consacre à aider d’autres femmes, surtout les plus défavorisées, à développer leur activité agricole ».