Carolina Chelele a remporté la cinquième édition du concours des Héroïnes de l’alimentation en Tanzanie et est devenue une responsable communautaire. En plus du grand prix (environ 10 000 dollars, une parcelle de près de 3 hectares ainsi que des outils agricoles et du matériel de pêche), elle affirme avoir « acquis une petite réputation, ce qui est merveilleux ».
Maintenant qu’elle a gagné le concours, cette mère de quatre enfants qui pourvoit seule aux besoins de sa famille enseigne différentes techniques agricoles à ses proches et aux autres membres de son village. Plusieurs fois par mois, elle passe à la radio locale. Des gens l’appellent pour bénéficier de son expérience de l’agriculture et de la défense des droits des femmes. Elle répond à des questions comme « comment faire du fumier ? », « comment moderniser mes techniques de culture ? », et bien sûr « comment participer à l’émission ? ».
De nouvelles techniques agricoles
« Le seul fait de penser aux besoins de mes enfants me donne du cœur à l’ouvrage. Je rêve que tous aillent à l’école et qu’à la fin de leurs études, ils trouvent un bon emploi ou travaillent pour leur propre compte. Cette pensée m’incite à me consacrer davantage encore à l’agriculture, car l’agriculture m’a permis de progresser dans la vie. »
Quand elle parle de ses succès agricoles, Carolina évoque sa voisine, qui a été une véritable source d’inspiration pour elle. Elle explique : « Tous les gens ne sont pas pareils et, quand on a la chance d’avoir de bons voisins, il faut les remercier. Une de mes voisines a été bonne pour moi.
« Ma voisine a suivi une formation sur les bonnes pratiques agricoles alors que j’appliquais encore des méthodes simples. Je semais à la volée alors qu’elle plantait les graines soigneusement. Elle m’a montré de nouvelles techniques de plantation et m’a donné des semences. Résultat : j’ai obtenu un rendement et des bénéfices plus importants que jamais. J’étais ravie parce qu’avant, je cultivais une grande parcelle sans en tirer beaucoup de revenus. »
Carolina estime que beaucoup continuent d’utiliser les anciennes techniques élémentaires simplement parce qu’elles ne connaissent pas celles qui pourraient leur permettre de produire davantage. Elle a la profonde conviction que des formations inciteraient les femmes à essayer différents moyens d’augmenter leurs revenus. « Nous devons nous regrouper afin de pouvoir unir nos voix et disposer d’une tribune pour nous faire entendre. »
« Notre situation de femmes a considérablement changé. Ce n’est plus comme lorsque nous étions considérées comme à la botte des hommes. Nous sommes en train de nous libérer. Nous pouvons voler de nos propres ailes. Le seul problème est que des gens gardent une vieille mentalité. »
L’union fait la force
Évoquant son enfance, Carolina se souvient d’un incident qui s’est produit un jour à son retour de l’école. Alors qu’elle traversait un bois dense, elle remarqua un groupe de garçons qui parlaient et s’étaient soudain mis à la fixer. Réalisant qu’elle était en danger, elle commença à courir et ils l’ont poursuivie.
Heureusement, elle vit un sentier qui menait à une distillerie. Elle courut vers le bâtiment. Le lieu était tenu par un groupe de femmes. C’est ce qui l’a sauvée, affirme-t-elle. Ces femmes se sont unies pour l’aider à chasser les garçons. « Cet incident m’a appris que quand les femmes se battent, elles peuvent gagner. Surtout, quand elles se serrent les coudes, rien ne peut les arrêter. »