Pour Oxfam, les pays du G8 n'ont pas tenu leurs promesses d'aide et usent d'artifices pour brouiller les pistes
En affirmant, dans le rapport de "redevabilité" 2011, avoir dépensé près de 49 milliards de dollars sur les 50 milliards promis, le G8 triche sur les chiffres. Selon l'OCDE, en charge de calculer les chiffres officiels de l'aide au développement, le G8 n'a déboursé que 31 milliards de dollars ; et sur les 25 milliards promis à l'Afrique, seuls 11 milliards ont véritablement été fournis.
"Plutôt que de tenir leurs promesses, le G8 trafique ses comptes et triche sur son aide au développement pour faire oublier leur manque d'action", a déclaré Emma Seery, porte-parole d'Oxfam. "On ne peut pas appeler ce document un rapport de redevabilité, mais plutôt une opération de camouflage bien embarrassante pour le G8 et insultante pour les populations les plus pauvres".
19 milliards de dollars manquent à l'appel, ce qui représente 7 jours des dépenses militaires des pays du G8 et seulement 0,06% de la somme de leur RNB. Ce retard dans les engagements signifie un retard dans les objectifs de développement sur lesquels le G8 s'était engagé.
"Si le G8 avait tenu ses promesses, chacun des 67 millions d'enfants qui ne sont toujours pas scolarisés pourraient aujourd'hui aller à l'école. Et la mort chaque année de plus de 7 millions d'enfants aurait pu être évitée", poursuit Emma Seery.
L'Italie, l'Allemagne, la France et le Japon ont tous échoué à fournir l'argent qu'ils avaient promis pour aider les populations pauvres. L'Italie est la plus à blâmer, consacrant seulement 0,15% de son revenu national à l'aide au développement, le taux le plus bas de tous les pays du G8 et loin de l'objectif de 0,7% établi par les Nations unies. L'Italie a seulement consacré 2,3 milliards de dollars à l'aide en 2010, près de la moitié de ce que le gouvernement italien dépense en voitures et chauffeurs pour les ministres et autres employés du gouvernement. L'Allemagne est nettement en retard, la France, qui préside cette année le G8 et le G20, a encore beaucoup à faire malgré une augmentation de son aide l'an dernier.
Le Royaume-Uni a bien avancé pour atteindre ses promesses d'aide en 2010, et est en bonne voie pour atteindre son engagement de 0,7% en 2013. Le Canada a à peu près respecté ses engagements et les États-Unis ont atteint les leur, mais ces deux résultats "corrects" s'expliquent avant tout par la faiblesse des sommes promises à l'origine.
Au delà des chiffres globaux de l'aide publique au développement, le rapport de redevabilité se concentre également cette année sur les questions d'agriculture et de santé. Mais le manque d'informations sur l'investissement dans ces secteurs empêche toute analyse à la fois qualitative et quantitative.
Il y a deux ans, en pleine crise des prix alimentaires, le G8 s'était engagé à investir 22 milliards de dollars en faveur de l'aide à l'agriculture et de la sécurité alimentaire, avec un appui particulier aux petits producteurs et à l'agriculture durable, notamment aux agricultrices, ainsi que la mise en œuvre de plans agricoles nationaux et régionaux.
Aujourd'hui, le rapport de "redevabilité" montre que seule la moitié, environ, de l'aide promise à L'Aquila a été programmée. Mais Oxfam souligne que peu, voire aucune information n'est disponible sur la destination de cette aide, son soutien aux plans agricoles nationaux et régionaux et dans quelle mesure elle a pu répondre aux besoins des petits exploitants.
"Il y a deux ans, nous avions accueilli avec bienveillance le nouvel engagement du G8 pour accroître la 'redevabilité' et la transparence, mais en le réduisant à un écran de fumée, ils sont bien loin du niveau attendu de la part de dirigeants mondiaux", conclut Emma Seery.
En savoir plus
> Lire le Rapport de "redevabilité" du G8 - France 2011 (disponible en anglais)
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