PARIS - Les économies les plus puissantes au monde doivent agir dès maintenant pour stopper la flambée des prix des aliments de base qui deviennent inaccessibles pour les populations pauvres. Elles doivent également s'engager sur une taxe sur les transactions financières (TTF) pour aider des millions de personnes touchées par la crise économique et le changement climatique.
Oxfam, qui entend porter haut la voix de la lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde et en faveur de l'aide internationale, salue la promesse d'action sur ces questions de la France qui préside actuellement le G20.
Pour Oxfam, la réunion des ministres des Finances du G20 à Paris, les 18 et 19 février 2011, est un bon test pour savoir si le G20 peut cette année transformer ses paroles en action.
"Les ministres des Finances vont définir les positions du G20 sur les questions de développement cette semaine. Ils auront la possibilité de suivre ou d'ignorer l'engament pris par Nicolas Sarkozy de faire face à la crise des prix alimentaires et de pousser une TTF, a déclaré Luc Lamprière, directeur d'Oxfam France. Les ministres des finances du G20 doivent désormais planifier exactement comment ils vont tenir ces promesses ; dans le cas contraire, quand les dirigeants du G20 se réuniront à Cannes en novembre, nous ne pourrons que constater que les rois du G20 étaient nus."
Oxfam constate jour après jour sur le terrain les conséquences de la crise économique et de la hausse des prix alimentaires sur les populations pauvres. Les pays sont différemment touchés, mais dans la plupart des cas, les populations pauvres, dont l'essentiel des revenus sont consacrés à l'alimentation, sont contraintes de moins manger, moins souvent et, dans certains cas, avec des aliments moins nutritifs.
"Nous sommes témoins de nombreuses situations où les populations tombent dans l'insécurité alimentaire et la malnutrition, a déclaré Luc Lamprière. Nous avons été avertis que des communautés rurales, déjà obligées de baisser leurs dépenses de santé, vendaient des animaux plus tôt que d'habitude afin d'acheter de la nourriture."
Sur une taxe sur les transactions financières
"C'est une taxe de notre époque, a déclaré Luc Lamprière, une mesure progressive et populaire susceptible de rapporter 400 milliards de dollars par an. Elle ne représenterait qu'un petit changement pour ceux qui peuvent se le permettre, mais ferait une grande différence pour ceux qui en ont le plus besoin".
"Une taxe sur les transactions financières serait comme une bouffée d'air frais face à la puanteur qui émane des bonus des banquiers, un espoir pour ceux qui sont pris au piège par la crise économique", ajoute-t-il.
Oxfam appelle à la mise en place d'une taxe moyenne de 0,05% sur les transactions liées aux actions, devises, obligations et produits financiers dérivés. La TTF est l'un des moyens les plus prometteurs pour aider les riches pays donateurs à tenir leurs promesses de financer l'adaptation au changement climatique et d'aider les pays pauvres contraints par la crise économique de réduire les budgets de la santé, de l'éducation et de l'agriculture.
De récentes recherches d'Oxfam montrent que 56 des pays les plus pauvres dans le monde ont vu leur budget amputé de 65 milliards de dollars, au total, à la suite de la crise économique. Oxfam souhaite également que le G20 soutienne une annonce récente du Groupe consultatif de haut niveau de l'ONU sur les financements liés au climat (AGF) qui affirme qu'au moins 12 milliards de dollars par an pourraient être récoltés par des prélèvements sur le transport international, en particulier sur le transport maritime.
Cette réunion du G20 pourrait être le lieu où le pouvoir politique penche en faveur d'une TTF. "Nous exhortons les gouvernements français et allemand, en particulier, à présenter des plans clairs et défier leurs homologues du G20 de les soutenir. Si le Royaume-Uni et d'autres gouvernements souhaitent réellement obtenir un accord plus équitable avec les banques, ils doivent soutenir cette proposition", a déclaré Luc Lamprière.
Le 17 février, Oxfam participe à la coordination d'une journée mondiale d'action en faveur d'une TTF. Des militants, des soutiens et des alliés du monde entier enverront des lettres, organiseront des manifestations et feront pression sur les décideurs.
Sur la hausse des prix alimentaires mondiaux
"De mauvaises politiques ont brisé le système alimentaire mondial. De bonnes politiques peuvent y remédier, a déclaré Luc Lamprière. Les ministres des Finances du G20 doivent montrer la voie et agir en conséquence immédiatement. Nous avons déjà vu les prix élevés des denrées alimentaires contribuer à déclencher des troubles sociaux et nous savons par les programmes de terrain d'Oxfam que les populations pauvres sont de nouveau touchées par ces épreuves."
"Les causes de la volatilité des prix alimentaires mondiaux, aux conséquences désastreuses, sont bien connues - notamment les dommages sur les cultures liés aux conditions météorologiques, la ruée sur les biocarburants et l'accaparement des terres - mais également la spéculation des marchés, une question sur laquelle Nicolas Sarkozy s'est engagé à agir."
"La récente envolée des prix semble déconnectée du traditionnel système de l'offre et de la demande. Les réserves mondiales de céréales sont encore relativement satisfaisantes. On peut donc logiquement en déduire que des questions comme la spéculation contribuent à la crise des prix alimentaires. Depuis la déréglementation en 2002, plus de 200 milliards de dollars de nouveaux fonds d'investissement ont inondé les marchés des matières premières", a déclaré Luc Lamprière.
Oxfam affirme que le G20 Finances est tout à fait légitime pour traiter la question. "Le marché des matières premières alimentaires est de toute évidence en surchauffe. S'il est, comme cela semble être le cas, à l'origine de la hausse hors de contrôle des prix, il y a alors un lien direct avec les populations pauvres souffrant de la faim", ajoute Luc Lamprière.
"Si vous gagnez 20 dollars de l'heure, cette hausse des prix alimentaires mondiaux aura des conséquence sur votre argent de poche. Mais si vous gagnez 20 dollars par mois, c'est votre capacité à manger à votre faim qui en paye le prix."
"Les marchés des matières premières alimentaires devraient être beaucoup plus transparents et mieux contrôlés pour empêcher le chaos, a déclaré Luc Lamprière. Nous attendons du G20 des changements politiques immédiats pour calmer les marchés alimentaires et contribuer à éviter une crise imminente."
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Pour de plus amples informations, merci de contacter : Magali Rubino (Oxfam France) +0033-1 56 98 24 45, mrubino@oxfamfrance.org
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