L’Union Européenne n’a pas fourni d’information précise sur sa promesse de financement de 7,2 milliards d’euros pour répondre aux besoins urgents des pays en voie de développement en matière de changement climatique. Cette somme représente la part de l’UE dans les 30 milliards de dollars engagés à Copenhague par les pays riches pour aider les pays pauvres à réduire leurs émissions et faire face au changement climatique ces trois prochaines années.
Les ministres des finances européens se retrouveront demain (18 mai) à Bruxelles et on s’attend à ce qu’ils approuvent un rapport de progrès qui précise si ces fonds sont réellement distribués et de quelle manière. Selon Oxfam, qui a lu l’ébauche de ce rapport, l’UE manque de transparence. En effet, ce rapport n’est pas assez limpide sur le montant qui sera versé par chaque Etat membre, sur celui octroyé aux projets de stratégie d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques et surtout sur le fait que ces sommes viennent ou non s’ajouter à l’engagement pris par les pays riches de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’aide internationale. L’UE ne révèle pas non plus à quel degré ces fonds seront déboursés bilatéralement plutôt que par des organismes multilatéraux tels que les Nations Unies, ni comment ils profiteront aux populations les plus pauvres et les plus vulnérables.
Au sommet de Copenhague, les dirigeants internationaux ont convenu que ce financement accéléré serait “nouveau et supplémentaire”. Oxfam explique donc que les fonds octroyés aux pays pauvres pour s’adapter au changement climatique doivent s’ajouter à l’engagement pris par les pays développés de consacrer 0,7% de leur revenu national à l’aide au développement. Cependant, l’interprétation du principe d’additionnalité divise encore l’UE qui n’est pas la seule dans ce cas. D’après les Etats-Unis, le budget réclamé par le président Obama pour financer l’adaptation au changement climatique en 2011 s’élèverait à 1,9 milliards de dollars. Il semblerait pourtant que cette somme fait partie de celle engagée dans l’aide destinée à la sécurité alimentaire et décidée lors du sommet du G8 à l’Aquila en Italie.
Tim Gore, conseiller d’Oxfam International sur les politiques de l’UE en matière de changement climatique a déclaré :
« L’UE, en manquant de transparence en ce qui concerne ses promesses de financement, est en train d’ébranler la confiance des pays en voie de développement alors que nous sommes entrés dans une phase délicate de la situation. Nous avons besoin d’un dialogue ouvert sur la façon de garantir que les fonds octroyés au problème du changement climatique s’ajoutent bien à ceux déjà engagés pour les écoles et les hôpitaux. Il est inutile d’essayer d’éviter le sujet ».
« Le plus important est que l’UE soit honnête à propos des problèmes qu’elles rencontre. Si des difficultés existent, il vaut mieux en parler. Nous attendons de l’UE qu’elle aborde dans l’année la question des limitations actuelles dans un rapport complet qui exposera la façon dont l’argent sera dépensé. Dans le contexte d’accords mondiaux sur le climat, des rapports annuels s’imposent ».
« Nous avons besoin d’une réglementation commune en ce qui concerne la communication d’informations sur les flux financiers liés au changement climatique des pays riches et il faut que cette réglementation soit mise en place par un organisme indépendant ».
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Téléchargez le rapport: Adaptation aux changements climatiques : Donner aux personnes vivant dans la pauvreté les moyens de s’adapter