Le refus de l'Europe de s'engager financièrement afin d'aider les populations pauvres à faire face aux changements climatiques pourrait empêcher toute chance d'obtenir un accord équitable sur le climat à Copenhague, prévient aujourd'hui Oxfam International. La Communication de l’UE sur les changements climatiques, qui est publiée aujourd'hui et doit être adoptée par les États Membres en mars, définit la position de l'Europe concernant les négociations après 2012. Cette proposition reconnaît que d'immenses ressources sont nécessaires pour aider les pays en développement à s'adapter aux conséquences des changements climatiques et à adopter des technologies vertes ; elle émet aussi des idées intéressantes quant aux moyens de réunir les fonds nécessaires. Toutefois, elle évite entièrement d'indiquer le montant des sommes que s’engagent à débloquer l'UE et les autres pays riches. Comme le commissaire Dimas l'a lui-même reconnu aujourd'hui, un accord mondial sur le climat ne peut se faire sans aborder la question du financement. Malgré cela, les engagements financiers ont été retirés du document final. Elise Ford, directrice du bureau européen d'Oxfam International, affirme : « Tant que les pays pauvres ne voient pas d'argent sur la table, ils risquent fort d'abandonner tout simplement les discussions. La Commission semble prête à s’incliner devant les États Membres, qui s'opposeront sûrement à s'engager concrètement sur le plan financier car ils sont inquiets des conséquences de la crise financière. « Il y a un an, l'Union européenne a établi un plancher minimum pour les négociations, dont il y avait grand besoin, et appelé à une réduction de 20 à 30 % de celui-ci d'ici à 2020. Aujourd'hui, au lieu d'établir aussi un objectif pour le fonds d'adaptation, la Commission a refusé d'afficher toute ambition, et encore moins assumé ses responsabilités en tant que pollueur de premier ordre. Cela ressemble à une nouvelle UE, une UE qui se montre résolue à en faire le moins possible. « L'UE ferait bien de tourner ses regards vers le Président Obama et son appel pour un plan de relance climatique qui protège les populations et reconstruit les économies. Il ne reste maintenant qu'un peu plus d'un mois pour que les Pays Membres de l'UE se ressaisissent et montrent de nouveau l'exemple en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques. » Selon les estimations d'Oxfam, au moins 38 milliards d'euros (50 milliards de dollars) par an sont nécessaires pour financer l'adaptation des pays développés, auxquels l'Europe devrait contribuer au moins 12 milliards d'euros (16 milliards de dollars). Il faudrait que ce financement soit géré par les Nations Unies et qu’il s'ajoute aux engagements existants vis-à-vis de l'assistance. Cela permettrait de s'assurer que les donateurs ne détournent pas des fonds destinés à l'éducation ou à la santé, afin de les utiliser pour financer leur part de réparations face aux changements climatiques qu'ils ont provoqués en polluant de manière continue. « Les pays en développement s'alarmeront de voir que l'ONU - à qui devrait revenir de droit la gestion des nouveaux fonds destinés au climat - est mise sur la touche par la Commission. Cela laisse la porte ouverte à des flux d'argent désordonnés, sans aucun médiateur de confiance pour garantir que les pays paient leur part et que les plus pauvres perçoivent cet argent, » ajoute Hugh Cole, conseiller régional sur les changements climatiques pour Oxfam en Afrique du Sud. Oxfam avait accueilli favorablement la position intransigeante de l'UE selon laquelle tous les pays riches devraient réduire leurs émissions de carbone de manière équitable, mais avait affirmé que le meilleur moyen de mesurer la part des émissions de chacun était de prendre en considération les responsabilités historiques (émissions par habitant) et la richesse du pays.
Notes aux rédactions
1. Les conséquences des changements climatiques se font déjà sentir pour des millions de personnes pauvres aux quatre coins du globe.
Le nombre de phénomènes météorologiques extrêmes a augmenté de manière spectaculaire ces 20 dernières années. D'ici à 2020, selon l'ONU, jusqu'à 250 millions de personnes à travers l'Afrique pourraient subir une profonde pénurie d'eau et entre 150 millions et un milliard de personnes pourraient se retrouver déplacées à cause du climat extrême, de maladies et - selon certains calculs - de la diminution de moitié des récoltes de certaines céréales comme le maïs ou le riz.
2. Les pays pauvres ont besoin d'aide pour renforcer leur capacité de résistance
Par exemple en modernisant leurs systèmes nationaux d'alerte rapide face aux inondations, en plantant des palétuviers pour créer une bio-protection contre les raz-de-marée le long des côtes et en cultivant des plantes qui résistent à la sécheresse. Si ces pays ne s'adaptent pas à la nouvelle réalité des changements climatiques, ils subiront de bien plus grands dégâts, que ce soit par des inondations, des sécheresses ou des ouragans, et paieront un prix bien plus fort, en termes financiers tout autant qu'en vies humaines.
1. Les conséquences des changements climatiques se font déjà sentir pour des millions de personnes pauvres aux quatre coins du globe.
Le nombre de phénomènes météorologiques extrêmes a augmenté de manière spectaculaire ces 20 dernières années. D'ici à 2020, selon l'ONU, jusqu'à 250 millions de personnes à travers l'Afrique pourraient subir une profonde pénurie d'eau et entre 150 millions et un milliard de personnes pourraient se retrouver déplacées à cause du climat extrême, de maladies et - selon certains calculs - de la diminution de moitié des récoltes de certaines céréales comme le maïs ou le riz.
2. Les pays pauvres ont besoin d'aide pour renforcer leur capacité de résistance
Par exemple en modernisant leurs systèmes nationaux d'alerte rapide face aux inondations, en plantant des palétuviers pour créer une bio-protection contre les raz-de-marée le long des côtes et en cultivant des plantes qui résistent à la sécheresse. Si ces pays ne s'adaptent pas à la nouvelle réalité des changements climatiques, ils subiront de bien plus grands dégâts, que ce soit par des inondations, des sécheresses ou des ouragans, et paieront un prix bien plus fort, en termes financiers tout autant qu'en vies humaines.