Oxfam a aujourd'hui annoncé que la faim au Zimbabwe sévit plus fortement que jamais, avec plus de la moitié de la population actuellement dépendante de l'aide alimentaire. Oxfam a aussi souligné que la situation pourrait se dégrader rapidement, puisque les familles vulnérables vont recevoir ce mois-ci des rations alimentaires réduites à cause du manque de financement. Malheureusement, on s'attend à des réductions supplémentaires le mois prochain. En plus des cinq millions de Zimbabwéens qui dépendent de la distribution alimentaire, environ un million de personnes sous-alimentées qui devraient bénéficier d'une aide alimentaire ce mois-ci n'en recevront peut-être aucune, puisque le financement est insuffisant. Malgré des donations récentes, le Programme alimentaire mondial de l'ONU manque toujours de 65 millions de dollars pour financer ses activités au Zimbabwe jusqu'à la fin du mois de mars. « Nous exhortons les gouvernements riches à travers le monde à accroître leur assistance en réponse à l'appel de l'ONU pour une aide alimentaire d'urgence, afin que les populations puissent manger à chaque repas », demande Peter Mutoredzanwa, le directeur régional d'Oxfam au Zimbabwe. « La pénurie alimentaire met la vie des personnes en danger. Ces dernières sont fortement affaiblies et n'ont pas toujours la force nécessaire pour se défendre contre le choléra, qui s'est répandu dans tout le pays, ou contre le VIH/sida. « J'ai rencontré des personnes qui n'avaient pas mangé pendant plusieurs jours, » ajoute Peter Mutoredzanwa. « D'autres m'ont confié qu'elles mangeaient des fruits ou des légumes sauvages. Dans les centres de traitement du choléra, les patients ne sont pas régulièrement alimentés, ni par le personnel médical, ni par leur famille, ce qui ralentit leur capacité à se remettre. « Il y a de grandes chances que les récoltes de cette année soient encore plus mauvaises que celles de l'année dernière et que la pénurie alimentaire continue encore en 2010. Tout autant que de répondre aux besoins immédiats, les donateurs doivent considérer quelle contribution ils peuvent apporter à long terme afin d'aider les agriculteurs, d’empêcher de nouvelles urgences alimentaires et de combattre l'insécurité alimentaire. Cette contribution peut se faire en fournissant des graines pour la culture hivernale, en aidant les agriculteurs à trouver des engrais et en renforçant les investissements dans le domaine agricole. » Cette semaine, Oxfam a commencé la distribution de son aide alimentaire mensuelle aux familles vulnérables, en collaboration avec le Programme alimentaire mondial de l'ONU. Oxfam apporte une aide alimentaire à 253 000 personnes dans trois districts de la province des Midlands, dans le centre du Zimbabwe, qui comptent parmi les régions du pays les plus menacées par la famine. Il est prévu que les personnes reçoivent ce mois-ci des rations de 10 kg de céréales et d'1 kg de légumes secs, ce qui représente une baisse par rapport aux rations d'octobre qui étaient de 12 kg de céréales et 1,28 kg de légumes secs. Les rations d'huile de cuisson ont aussi baissé par rapport au mois dernier, passant de 0,6 litres à 0,45 litres, et il n'y aura aucune distribution de maïs ou de soja. En outre, le nombre de personnes recevant une aide alimentaire sera limité à six par famille. Désespérées, certaines familles ont commencé à vendre leurs biens ou leur bétail afin de pouvoir acheter des aliments de base. Une enquête effectuée récemment par le PAM a révélé que presqu'une famille sur cinq, y compris celles bénéficiant d'aide alimentaire, a vendu des biens familiaux lors des trois derniers mois et que plus de soixante-dix pourcent d'entre elles l'ont fait afin d'acheter à manger. Sans bétail et sans biens, les familles se retrouvent dans une position encore plus vulnérable face aux crises à venir. De plus, lors de cette enquête, 12% des familles avaient aussi indiqué n'avoir mangé aucune nourriture le jour précédent. Le Zimbabwe connaît une pénurie de graines et d'engrais et la plupart des agriculteurs n'ont pas les moyens d'acheter les intrants agricoles qui ne sont maintenant vendus qu'en devises étrangères, plutôt qu'en monnaie locale.
Notes aux rédactions
1. Selon les dernières statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 2 100 personnes sont maintenant décédées des suites du choléra et plus de 40 000 personnes sont infectées.
1. Selon les dernières statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 2 100 personnes sont maintenant décédées des suites du choléra et plus de 40 000 personnes sont infectées.