Des millions de personnes au Yémen sont sciemment poussées au bord de la famine

Publié: 23rd mars 2017

Cela fait bientôt deux ans que la guerre s’est intensifiée au Yémen. À l'occasion de ce triste anniversaire, Oxfam avertit que les combattants et leurs partenaires internationaux poussent délibérément le pays au bord de la famine. Près de 7 millions de personnes sont à deux doigts de mourir de faim et 70 % de la population a besoin d’aide humanitaire.

Oxfam appelle à une action urgente sur deux fronts : une reprise immédiate du processus de paix et la fourniture par les bailleurs de fonds des 2,1 milliards de dollars supplémentaires que l’ONU estime nécessaires pour financer l’intervention humanitaire. Actuellement, l’appel est financé à seulement 7 %.

Sajjad Mohamed Sajid, le directeur d’Oxfam au Yémen, a déclaré : « Si les parties au conflit, et ceux qui l’alimentent avec des ventes d’armes, continuent d’ignorer la crise alimentaire du Yémen, ils seront responsables d’une famine.

« On est en train de laisser mourir de faim la population du Yémen. Les gens risquent de ne pas survivre à la situation beaucoup plus longtemps. Une intervention humanitaire pleinement financée est essentielle pour éviter que d’innombrables personnes ne meurent inutilement. Mais en définitive, ce dont les Yéménites ont besoin, c’est la fin des combats.

« Toutes les parties au conflit doivent comprendre que la famine est le véritable ennemi du Yémen. Prévenir la famine doit avoir la priorité sur les objectifs militaires de n’importe quel camp. Le monde ne peut pas attendre que la famine soit déclarée au Yémen, ou il sera trop tard. »

Les raids aériens et les combats ont tué plus de 7 600 personnes, dont plus de 4 600 civils, contraint plus de 3 millions de personnes à quitter leur foyer et 18,8 millions de personnes – 70 % de la population – ont besoin d’aide humanitaire. C’est plus que dans aucun autre pays du monde.

Les ports, les routes et les ponts, ainsi que les entrepôts, les exploitations agricoles et les marchés ont été fréquemment détruits par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, ce qui a eu pour effet d’épuiser les réserves alimentaires du pays. Les autorités dirigées par les Houthis retardent la distribution d’une aide d’urgence destinée à sauver des vies, et détiennent parfois des humanitaires. Cela, allié à une économie décimée, a créé un abîme de dénuement et amené 6,8 millions de personnes au bord de la famine.

Le Yémen a été soumis à un blocus empêchant l’arrivée de nourriture dans le pays. Bien que ce blocus ait été partiellement assoupli, de nouvelles restrictions sur le transport maritime et la destruction de nombreuses installations portuaires, comme les grues du port d’Al-Hudaydah en août 2015, sanctionnent la population yéménite et les approvisionnements alimentaires du pays sont devenus extrêmement faibles. Les combats sur la côte ouest du Yémen se sont intensifiés le mois dernier, en particulier autour des ports d’Al-Hudaydah et de Mocha, ce qui risque de priver de ressources vitales des millions de personnes. Au pire, si les importations alimentaires diminuent encore sensiblement ou que le conflit empêche le transport de provisions à travers le pays, la famine sera une possibilité très réelle.

Une enquête d’Oxfam auprès de 2 000 familles qui ont été forcées de fuir leurs foyers dans le nord-ouest du Yémen, entre novembre et décembre 2016, a révélé que 85 % des personnes interrogées souffraient de la faim. Elles n’ont d’autre choix que de réduire leurs portions de nourriture ou de donner le peu qu’elles ont à leurs enfants tout en restant elles-mêmes la faim au ventre. Elles sautent des repas et finissent par acheter des aliments de moindre qualité, souvent à crédit. Des personnes n’ont aucune source de nourriture et ne survivent que grâce à l’aide humanitaire et à la générosité d’autrui.

Afin de sauver la vie de millions de personnes affamées, Oxfam exhorte le secrétaire général de l’ONU à faire pression sur toutes les parties au conflit pour qu’elles relancent le processus de paix, parviennent à un accord de paix négocié et améliorent la situation économique du pays.

Oxfam demande que toutes les routes terrestres, maritimes et aériennes du Yémen restent ouvertes et que les attaques visant des objectifs militaires liés aux voies d’approvisionnement et aux infrastructures ne touchent pas excessivement les civils, conformément au droit international humanitaire.

Notes aux rédactions

1. Une note d'information publiée par Oxfam à l'occasion du deuxième anniversaire décrit une population à bout. Entre juin 2015 et juin 2016, le nombre de personnes souffrant de la faim au Yémen (dites en situation d’insécurité alimentaire) a augmenté de plus de 30 %. On estime désormais que 17 millions de personnes, soit 60 % de la population, n’ont pas un accès fiable à une alimentation de qualité et en quantité suffisantes. Dans sept gouvernorats, 6,8 millions de personnes sont au bord de la famine, c’est-à-dire en situation de grave insécurité alimentaire, et ne savent pas de quoi sera fait leur prochain repas. Cela représente une augmentation de 60 % depuis 2014. Voir la note ici: https://www.oxfam.org/sites/www.oxfam.org/files/yemen_2_year_media_brief_fr_final.pdf

2. Des photos and témoignages du Yémen sont disponibles.

3. Oxfam a porté assistance à plus d’un million de personnes dans huit gouvernorats du Yémen avec de l’eau potable et des services d’assainissement, de l’argent en liquide et des coupons alimentaires ainsi que d’autres formes d’aide vitale depuis juillet 2015. Lien vers l’appel de fonds d’Oxfam pour l’intervention humanitaire au Yémen : https://www.oxfam.org/fr/urgences/crise-au-yemen

4. Pour plus d’informations sur la situation de la sécurité alimentaire au Yémen voir : Yemen: IPC Analysis – Acute Food Insecurity Current Situation Overview – March 2017 (en anglais)

Contact

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