Avec 60 % des Haïtiens qui dépendent de l'agriculture pour nourrir leurs familles, le secteur agricole doit être revitalisé
Les plans et programmes visant à améliorer le secteur de l'agriculture en Haïti depuis le séisme de 2010 ont été insuffisants, dit l'organisation internationale Oxfam dans un nouveau rapport. Les efforts déployés par le gouvernement haïtien et la communauté internationale n'ont permis ni de revitaliser le secteur, ni d’améliorer les conditions de vie des producteurs et productrices locaux ou de valoriser le rôle important des femmes dans l'agriculture.
« En dépit de trois décennies de crise et de négligence qu’a souffert Haïti dans le secteur agricole, près de 60 % des Haïtiens dépendent de l'agriculture pour leur subsistance, a déclaré Andrew Pugh, directeur pays d'Oxfam en Haïti. Le gouvernement et la communauté internationale doivent mettre davantage l'accent sur des politiques agricoles plus cohérentes pour relancer la production et créer de la valeur dans le secteur afin de stopper le processus de paupérisation de la paysannerie et d’améliorer de façon durable ses conditions de vie. »
Des niveaux d'insécurité alimentaire élevés
Le nouveau rapport d'Oxfam, Planter maintenant (2e édition): Revitaliser l'agriculture pour la reconstruction et le développement en Haïti, a interrogé des représentants du gouvernement haïtien, la communauté internationale et des organisations haïtiennes locales. 90 % des personnes interrogées soulignent que l'agriculture est le secteur principal de production d'Haïti, contribuant au quart du PIB, elle crée 60 % des emplois disponibles dans l’économie. Pourtant, les politiques commerciales et agricoles ont presque anéanti la capacité du secteur à fournir des moyens de subsistance stables pour les agriculteurs haïtiens, ce qui conduit à des niveaux d’insécurité alimentaire élevé dans tout le pays.
« Nous savons que le système actuel comporte d’énormes failles. Les projets à court terme pour améliorer l'agriculture peuvent sembler efficaces, mais ils n'ont pas de potentiel durable capable de supporter véritablement l'agriculture haïtienne. Le gouvernement haïtien doit prioriser une approche de programme construite sur du long terme, devant permettre au ministère de l'Agriculture de prendre les devants pour promouvoir un développement local qui prend en compte les priorités des petits agriculteurs et agricultrices », a déclaré Andrew Pugh.
Après le tremblement de terre de 2010, le gouvernement haïtien a élaboré un Plan national d’investissement agricole (PNIA) pour coordonner les efforts des différents acteurs du secteur travaillant à la revitalisation de l'agriculture en Haïti. Jusqu'à présent, les donateurs ont financé seulement 47 % des 790 millions de dollars promis pour la mise en œuvre du PNIA. La nécessité d’investir davantage dans ce secteur, un leadership politique actif et une meilleure coordination entre certains donateurs et organisations humanitaires, sont des conditions nécessaires pour que le PNIA soit capable de remplir sa fonction, être un instrument indispensable pour la croissance du secteur agricole haïtien.
Les femmes jouent un rôle essentiel
L'exemple de la situation des femmes est une bonne illustration du système agricole d'Haïti défaillant. Dans les zones rurales, les femmes sont à la tête de près de 40 % des ménages et elles sont actives dans presque toutes les filières. Elles jouent un rôle clé de la production à la vente sur les marchés locaux jusqu’à la consommation, mais leur travail est très peu valorisé et elles sont souvent victimes de discrimination salariale. La viabilité future de la petite agriculture en Haïti dépend de l'égalité entre les femmes et les hommes.
« Beaucoup d'acteurs pensent avoir la bonne réponse aux différentes problématiques auxquelles le secteur agricole en Haïti est confronté. Nous avons tous un rôle à jouer et la coordination est primordiale. Ainsi, prioriser et soutenir le PNIA à tous les niveaux et adopter une approche-programme à long terme pour une agriculture durable sont des pas importants vers le développement du secteur. Le gouvernement haïtien, les donateurs internationaux, les organisations internationales, ainsi que les agriculteurs locaux doivent travailler ensemble pour redynamiser le secteur afin que l'agriculture haïtienne reprenne sa place comme le secteur le plus prometteur en Haïti », a déclaré Andrew Pugh.
En Haïti, Oxfam travaille en collaboration avec le Ministère de l'Agriculture et les autorités locales en s'alignant sur les priorités du gouvernement et celles des communautés locales. Les programmes mis en place par Oxfam et ses partenaires locaux visent notamment le renforcement de la capacité des producteurs de riz dans la vallée de l'Artibonite ; l'amélioration de la production et des revenus des producteurs de café dans les département du Nord, Nord-Est, et du Sud ; le développement et la diversification de secteurs prometteurs ; l'amélioration de l'innovation agricole par la formation technologique, l'amélioration des systèmes d'irrigation et de gestion des bassins versants et de l'érosion des sols ; et le renforcement des capacités de transformation et de commercialisation des produits agricoles.
Dans ces programmes de développement Oxfam travaille toujours à travers des partenaires locaux notamment des associations de producteurs, des coopératives et des structures d’appui technique. Notre travail dans le secteur agricole ne se limite pas à l’augmentation de la production et/ou de la productivité, mais prend en compte tout l’aspect de plaidoyer en vue de garantir plus de transparence et de la responsabilité dans le secteur.
En savoir plus
Télécharger le rapport Planter maintenant (2e édition): Revitaliser l'agriculture pour la reconstruction et le développement en Haïti
Télécharger le rapport Planter maintenant (1ère édition) : Défis et perspectives pour l’agriculture dans le cadre de la reconstruction de Haïti
Le travail d'Oxfam à la suite du séisme en Haïti
Contact
Pour de plus amples informations, merci de bien vouloir contacter :
- Peleg Charles : +509 37 01 49 33 / cpeleg@oxfam.org.uk
- Amélie Gauthier : +509 37 01 75 67 / agauthier@oxfam.org.uk
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- Amélie Gauthier : +509 37 01 75 67 / agauthier@oxfam.org.uk