La faim a grimpé de près de 80% en Afrique de l'Est et australe en cinq ans alors que sévit la crise de l'eau

Publié: 20th mars 2025

  • 116 millions de personnes vivant dans les huit pays d’Afrique confrontés aux pires crises de l'eau n'ont pas accès à l'eau potable.
  • Les crues soudaines sont devenues 20 fois plus fréquentes entre 2000 et 2022.

 

Selon un nouveau rapport d'Oxfam, la crise climatique des dernières décennies a considérablement aggravé la pénurie d'eau en Afrique de l'Est et australe, privant plus de 116 millions de personnes, soit 40 % de la population, d’eau potable. Le changement climatique aggrave les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les cyclones et les crues soudaines affectant la disponibilité des eaux souterraines, la production agricole, la santé du bétail et la pêche. Cette situation a des répercussions sur les petits exploitants agricoles, les éleveurs et les pêcheurs d'Afrique, laissant des millions de personnes sans nourriture ni revenu de base.

Le rapport d'Oxfam intitulé « La faim due à l'eau : comment la crise climatique alimente l'urgence alimentaire en Afrique, » publié en amont de la Journée mondiale de l'eau, examine les liens entre la pénurie d'eau et la faim dans les huit pays confrontés aux crises de l'eau les plus sévères au monde : l’Éthiopie, le Kenya, le Malawi, le Mozambique, la Somalie, le Sud-Soudan, la Zambie et le Zimbabwe. L'étude révèle que le nombre de personnes souffrant de faim extrême dans ces pays a augmenté de 80 % au cours des cinq dernières années, passant de près de 31 millions de personnes en 2019 à plus de 55 millions de personnes en 2024. Cela représente deux personnes sur dix.

Oxfam prévient que le phénomène climatique La Niña, qui durera jusqu'à la fin du mois de mars, aggravera les inondations dans certaines régions d’Afrique australe et du Sud-Soudan, tout en provoquant une grave sécheresse en Afrique de l'Est, menaçant davantage la disponibilité des denrées alimentaires et les revenus des populations.

À l'échelle mondiale, les crues soudaines sont devenues 20 fois plus fréquentes entre 2000 et 2022 et la durée des sécheresses a augmenté de 29 % depuis 2000, ce qui a des répercussions sur les communautés les plus vulnérables.

La pauvreté, les inégalités profondes ainsi que le sous-investissement chronique dans les systèmes d'approvisionnement en eau ont aggravé cette crise de l’eau. Les gouvernements africains atteignent actuellement moins de la moitié de l'objectif d'investissement annuel de 50 milliards de dollars US nécessaire pour assurer la sécurité de l'eau en Afrique d'ici à 2030.

« La crise climatique ne se résume pas à une simple statistique : elle a un visage humain. Elle frappe des personnes bien réelles, détruisant leur mode de vie, tandis que les principaux responsables les grands pollueurs et les ultra-riches continuent d’en tirer profit. Pendant ce temps, les gouvernements négligent de soutenir les communautés qu'ils devraient pourtant protéger ».

Fati N’Zi Hassane
Directrice d'Oxfam en Afrique

 

Le rapport d'Oxfam révèle également que :

  • Dans les huit pays étudiés, 91 % des petits exploitants agricoles dépendent presque entièrement de la pluie pour boire et mener leurs activités agricoles.
  • En Éthiopie, l'insécurité alimentaire a augmenté de 175 % au cours des cinq dernières années, et 22 millions de personnes peinent à trouver leur prochain repas.
  • Au Kenya, plus de 136 000 kilomètres carrés de terres sont devenus plus secs entre 1980 et 2020, ce qui a décimé les cultures et le bétail.
  • En Somalie, l'échec de la saison des pluies pourrait plonger un million de personnes supplémentaires dans une situation de crise alimentaire, portant le total à 4,4 millions, soit 24 % de la population.

 

Un agriculteur de Baidoa, en Somalie, explique : « Autrefois, nous savions quand il fallait cultiver et quand il fallait récolter, mais tout cela a changé. Aujourd'hui, les pluies sont tardives, voire inexistantes. L'année dernière, j'ai perdu toutes mes récoltes et tous mes animaux. J'ai maintenant planté, mais les pluies ne sont toujours pas arrivées. Si cela continue, je ne pourrai pas nourrir ma famille ».

Les femmes et les jeunes filles sont souvent les premières et les plus durement touchées par les crises de l'eau. En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, elles parcourent jusqu'à 10 kilomètres pour trouver de l'eau, s'exposant à la violence et à un épuisement extrême. Jusqu'à 25 % des femmes des ménages ruraux passent plus de 30 minutes par jour à cette tâche - du temps qui pourrait être consacré à l'éducation ou à des activités génératrices de revenus.

« L'Afrique subsaharienne ne reçoit que 3 à 4 % du financement mondial pour le climat, bien qu'elle subisse de plein fouet les effets du changement climatique. Les pays riches et pollueurs doivent payer leur juste part. Il ne s’agit pas de charité, mais de justice. »

« Quant aux gouvernements africains, ceux-ci doivent doubler leurs investissements dans les infrastructures d’eau et la protection sociale pour mieux gérer leurs ressources naturelles et aider les communautés les plus vulnérables à faire face aux chocs climatiques », a ajouté N'Zi-Hassane.

 

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