- 116 millions de personnes vivant dans les huit pays d’Afrique confrontés aux pires crises de l'eau n'ont pas accès à l'eau potable.
- Les crues soudaines sont devenues 20 fois plus fréquentes entre 2000 et 2022.
Selon un nouveau rapport d'Oxfam, la crise climatique des dernières décennies a considérablement aggravé la pénurie d'eau en Afrique de l'Est et australe, privant plus de 116 millions de personnes, soit 40 % de la population, d’eau potable. Le changement climatique aggrave les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les cyclones et les crues soudaines affectant la disponibilité des eaux souterraines, la production agricole, la santé du bétail et la pêche. Cette situation a des répercussions sur les petits exploitants agricoles, les éleveurs et les pêcheurs d'Afrique, laissant des millions de personnes sans nourriture ni revenu de base.
Le rapport d'Oxfam intitulé « La faim due à l'eau : comment la crise climatique alimente l'urgence alimentaire en Afrique, » publié en amont de la Journée mondiale de l'eau, examine les liens entre la pénurie d'eau et la faim dans les huit pays confrontés aux crises de l'eau les plus sévères au monde : l’Éthiopie, le Kenya, le Malawi, le Mozambique, la Somalie, le Sud-Soudan, la Zambie et le Zimbabwe. L'étude révèle que le nombre de personnes souffrant de faim extrême dans ces pays a augmenté de 80 % au cours des cinq dernières années, passant de près de 31 millions de personnes en 2019 à plus de 55 millions de personnes en 2024. Cela représente deux personnes sur dix.
Oxfam prévient que le phénomène climatique La Niña, qui durera jusqu'à la fin du mois de mars, aggravera les inondations dans certaines régions d’Afrique australe et du Sud-Soudan, tout en provoquant une grave sécheresse en Afrique de l'Est, menaçant davantage la disponibilité des denrées alimentaires et les revenus des populations.
À l'échelle mondiale, les crues soudaines sont devenues 20 fois plus fréquentes entre 2000 et 2022 et la durée des sécheresses a augmenté de 29 % depuis 2000, ce qui a des répercussions sur les communautés les plus vulnérables.
La pauvreté, les inégalités profondes ainsi que le sous-investissement chronique dans les systèmes d'approvisionnement en eau ont aggravé cette crise de l’eau. Les gouvernements africains atteignent actuellement moins de la moitié de l'objectif d'investissement annuel de 50 milliards de dollars US nécessaire pour assurer la sécurité de l'eau en Afrique d'ici à 2030.
« La crise climatique ne se résume pas à une simple statistique : elle a un visage humain. Elle frappe des personnes bien réelles, détruisant leur mode de vie, tandis que les principaux responsables – les grands pollueurs et les ultra-riches – continuent d’en tirer profit. Pendant ce temps, les gouvernements négligent de soutenir les communautés qu'ils devraient pourtant protéger ».
Le rapport d'Oxfam révèle également que :
- Dans les huit pays étudiés, 91 % des petits exploitants agricoles dépendent presque entièrement de la pluie pour boire et mener leurs activités agricoles.
- En Éthiopie, l'insécurité alimentaire a augmenté de 175 % au cours des cinq dernières années, et 22 millions de personnes peinent à trouver leur prochain repas.
- Au Kenya, plus de 136 000 kilomètres carrés de terres sont devenus plus secs entre 1980 et 2020, ce qui a décimé les cultures et le bétail.
- En Somalie, l'échec de la saison des pluies pourrait plonger un million de personnes supplémentaires dans une situation de crise alimentaire, portant le total à 4,4 millions, soit 24 % de la population.
Un agriculteur de Baidoa, en Somalie, explique : « Autrefois, nous savions quand il fallait cultiver et quand il fallait récolter, mais tout cela a changé. Aujourd'hui, les pluies sont tardives, voire inexistantes. L'année dernière, j'ai perdu toutes mes récoltes et tous mes animaux. J'ai maintenant planté, mais les pluies ne sont toujours pas arrivées. Si cela continue, je ne pourrai pas nourrir ma famille ».
Les femmes et les jeunes filles sont souvent les premières et les plus durement touchées par les crises de l'eau. En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, elles parcourent jusqu'à 10 kilomètres pour trouver de l'eau, s'exposant à la violence et à un épuisement extrême. Jusqu'à 25 % des femmes des ménages ruraux passent plus de 30 minutes par jour à cette tâche - du temps qui pourrait être consacré à l'éducation ou à des activités génératrices de revenus.
« L'Afrique subsaharienne ne reçoit que 3 à 4 % du financement mondial pour le climat, bien qu'elle subisse de plein fouet les effets du changement climatique. Les pays riches et pollueurs doivent payer leur juste part. Il ne s’agit pas de charité, mais de justice. »
« Quant aux gouvernements africains, ceux-ci doivent doubler leurs investissements dans les infrastructures d’eau et la protection sociale pour mieux gérer leurs ressources naturelles et aider les communautés les plus vulnérables à faire face aux chocs climatiques », a ajouté N'Zi-Hassane.
Notes aux rédactions
- Téléchargez le rapport (en anglais) « Water-Driven Hunger : How the Climate Crisis Fuels Africa's Food Emergency »
- Oxfam a calculé l'augmentation de 79 % de la faim dans les huit pays sur la base du nombre de personnes confrontées à la phase 3 et plus de l'IPC selon le rapport mondial sur les crises alimentaires (GRFC) en 2019 et 2024. Ce calcul a également montré qu'en Éthiopie, la faim a augmenté de 175 %.
- Les huit pays mentionnés dans le rapport - l'Éthiopie, le Kenya, le Malawi, le Mozambique, la Somalie, le Sud-Soudan, la Zambie et le Zimbabwe - se classent parmi les 30 nations les plus touchées par l'insécurité hydrique dans le monde, selon le score national de sécurité hydrique de l'Évaluation mondiale de la sécurité hydrique 2023. En outre, le CGRF 2024 cite ces pays parmi les 18 où les « chocs liés au climat » sont le principal facteur d'insécurité alimentaire ; et le rapport « Hunger Hotspots FAO-WFP early warnings on acute food insecurity November 2024 to May 2025 outlook » (points chauds de la faim : alertes précoces sur l'insécurité alimentaire aiguë de novembre 2024 à mai 2025) les identifie comme étant « extrêmement préoccupants », s'attendant à faire face à des risques liés au climat aggravés par la Niña de cette année.
- Au Kenya, 136 129 kilomètres carrés de terres (23 % de la masse continentale) sont passés de zones plus humides à des zones plus sèches entre 1980 et 2020. Source : Shifting climate zones and expanding tropical and arid climate regions across Kenya (1980-2020), publié en avril 2023.
- D'ici 2041-2070, le rendement moyen du maïs devrait diminuer de plus de 29 % en Afrique australe et de 32 % en Afrique de l'Est par rapport à la période 1971-2020,
- Les pluies d'octobre à décembre 2024 en Éthiopie étaient inférieures à 75 pour cent (selon le PAM) alors que les pluies de mars-mai de cette année sont déjà retardées. Source : Centre de prévision et d'application climatiques de l'IGAD.
- Selon "Flash floods : why are more of them devastating the world's driest regions ? Nature Journal, publié le 7 mars 2023, les crues soudaines sont devenues 20 fois plus fréquentes au niveau mondial entre 2000 et 2022.
- Selon l'Union africaine, environ 50 milliards de dollars par an sont nécessaires pour assurer la sécurité de l'eau en Afrique d'ici 2030. Cependant, les investissements actuels se situent entre 10 et 19 milliards de dollars par an, ce qui laisse un déficit de financement de 11 à 20 milliards de dollars par an.
- En Somalie, une saison des pluies ratée pourrait plonger un million de personnes supplémentaires dans une situation de crise de la faim, ce qui porterait le total à 4,4 millions - 24 % de la population.
Contact
Simon Trépanier, en Italie | Simon.Trepanier@oxfam.org | +39 388 850 9970
- Téléchargez le rapport (en anglais) « Water-Driven Hunger : How the Climate Crisis Fuels Africa's Food Emergency »
- Oxfam a calculé l'augmentation de 79 % de la faim dans les huit pays sur la base du nombre de personnes confrontées à la phase 3 et plus de l'IPC selon le rapport mondial sur les crises alimentaires (GRFC) en 2019 et 2024. Ce calcul a également montré qu'en Éthiopie, la faim a augmenté de 175 %.
- Les huit pays mentionnés dans le rapport - l'Éthiopie, le Kenya, le Malawi, le Mozambique, la Somalie, le Sud-Soudan, la Zambie et le Zimbabwe - se classent parmi les 30 nations les plus touchées par l'insécurité hydrique dans le monde, selon le score national de sécurité hydrique de l'Évaluation mondiale de la sécurité hydrique 2023. En outre, le CGRF 2024 cite ces pays parmi les 18 où les « chocs liés au climat » sont le principal facteur d'insécurité alimentaire ; et le rapport « Hunger Hotspots FAO-WFP early warnings on acute food insecurity November 2024 to May 2025 outlook » (points chauds de la faim : alertes précoces sur l'insécurité alimentaire aiguë de novembre 2024 à mai 2025) les identifie comme étant « extrêmement préoccupants », s'attendant à faire face à des risques liés au climat aggravés par la Niña de cette année.
- Au Kenya, 136 129 kilomètres carrés de terres (23 % de la masse continentale) sont passés de zones plus humides à des zones plus sèches entre 1980 et 2020. Source : Shifting climate zones and expanding tropical and arid climate regions across Kenya (1980-2020), publié en avril 2023.
- D'ici 2041-2070, le rendement moyen du maïs devrait diminuer de plus de 29 % en Afrique australe et de 32 % en Afrique de l'Est par rapport à la période 1971-2020,
- Les pluies d'octobre à décembre 2024 en Éthiopie étaient inférieures à 75 pour cent (selon le PAM) alors que les pluies de mars-mai de cette année sont déjà retardées. Source : Centre de prévision et d'application climatiques de l'IGAD.
- Selon "Flash floods : why are more of them devastating the world's driest regions ? Nature Journal, publié le 7 mars 2023, les crues soudaines sont devenues 20 fois plus fréquentes au niveau mondial entre 2000 et 2022.
- Selon l'Union africaine, environ 50 milliards de dollars par an sont nécessaires pour assurer la sécurité de l'eau en Afrique d'ici 2030. Cependant, les investissements actuels se situent entre 10 et 19 milliards de dollars par an, ce qui laisse un déficit de financement de 11 à 20 milliards de dollars par an.
- En Somalie, une saison des pluies ratée pourrait plonger un million de personnes supplémentaires dans une situation de crise de la faim, ce qui porterait le total à 4,4 millions - 24 % de la population.
Simon Trépanier, en Italie | Simon.Trepanier@oxfam.org | +39 388 850 9970