Les progrès réalisés en matière de développement en Afghanistan au cours de la dernière décennie risquent d'être compromis si les niveaux d'aide sont réduits avec le retrait des forces internationales en 2014, prévient Oxfam.
Alors qu'une importante conférence des bailleurs de fonds se tient à Tokyo, Oxfam exhorte les gouvernements représentés au sommet à maintenir les niveaux de l'aide destinée au pays et à veiller à ce que cette dernière atteignent les hommes, les femmes et les enfants qui en ont le plus besoin.
L'organisation prévient que les décisions relatives aux niveaux d'aide et de dépenses arrivent à un moment critique pour l'Afghanistan, étant donné que les États-Unis, principaux bailleurs de fonds du pays, ont déjà réduit de près de moitié leur enveloppe d'aide au développement, la faisant passer de 4,1 milliards à 2,5 milliards.
Il est probable que le retrait des forces internationales d'ici à la fin 2014 fragilise davantage une économie afghane déjà fébrile, et dont 97 % du produit intérieur brut est lié à la présence de la communauté internationale. Selon une estimation de la Banque mondiale, l'aide à l'Afghanistan pourrait baisser de 90 % d'ici 2025.
Afin d'éviter une déperdition ou un effondrement des acquis de l'aide, Oxfam a exhorté les bailleurs de fonds à suivre l'exemple de pays tels que le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Australie, qui se sont engagés à maintenir voire augmenter les niveaux d'aide dans les années à venir.
Près de 60 milliards de dollars d'aide ont été donnés à l'Afghanistan depuis 2001. Au cours de cette période, l'espérance de vie a progressé fortement, passant de 47 à 62 ans pour les hommes et de 50 à 64 ans pour les femmes, grâce notamment à l'accès aux soins de santé de base rendu possible dans plus de 80 % des districts. Le domaine de l'éducation a également connu une avancée significative avec l'inscription à l'école de plus de 2,7 millions de filles, contre quelques milliers seulement sous le régime Taliban. Malgré cela, l'Afghanistan demeure l'un des pays les plus pauvres de la planète. Une part trop importante de l'aide a été mal utilisée, étant trop souvent associée à des objectifs militaires ou à des projets conçus pour gagner les cœurs et l'adhésion des populations dans le court terme plutôt que d'appuyer des objectifs de développement à long terme.
« Toute réduction significative pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le peuple afghan et nous ne pouvons pas tolérer une telle perspective. S'il est vrai que l'on a enregistré des progrès considérables au cours des onze dernières années, des millions d'Afghans n'ont cependant toujours pas accès à des soins de santé, à des écoles, à des emplois ou à un système judiciaire adéquats. Il y a longtemps que la façon dont l'aide est dépensée en Afghanistan aurait dû être examinée de près. Les bailleurs de fonds devraient redoubler d'efforts pour répondre aux besoins des femmes et des jeunes filles, amener les communautés locales à participer aux projets de développement, intensifier la lutte contre la corruption et veiller à ce que les projets élaborés soient intelligents, équitables et durables », a déclaré Louise Hancock, responsable de la politique et du plaidoyer pour Oxfam en Afghanistan.
L'organisation a salué les initiatives récentes des bailleurs de fonds et du gouvernement afghan pour améliorer la transparence et la reddition de comptes dans l'acheminement de l'aide, en précisant que les groupes Afghans ont un rôle essentiel à jouer pour observer en permanence les processus et amener leur gouvernement à rendre des comptes.
Oxfam a souligné le fait que même si de nombreuses femmes et jeunes filles afghanes ont vu des changements positifs dans leurs vies, ces acquis restent fragiles. En effet, l'accès à la justice ou même aux services de base leur fait encore défaut : jusqu'à ce jour, une Afghane meurt toutes les deux heures pour des raisons liées à la grossesse.
Louise Hancock a ajouté : « l'aide doit mieux profiter aux femmes et aux jeunes filles au cours de la prochaine décennie. Les femmes ont un rôle important à jouer dans le développement de l'Afghanistan et la promotion de la stabilité et de la prospérité dans l'ensemble du pays. Les bailleurs de fonds doivent faire en sorte que les femmes participent aux décisions affectant l'avenir de leur pays, depuis les petits projets communautaires jusqu'aux processus politiques du plus haut niveau. »
« L'Afghanistan est à la croisée des chemins, et des décisions critiques doivent être prises à Tokyo. Ce n'est pas le moment de faire marche arrière. C'est le moment d'apprendre de nos erreurs et de réaliser les projets d'aide dont le peuple afghan a besoin, des projets dont les avantages se feront ressentir durablement. Si nous ne le faisons pas, le fruit de tant de sacrifices risquerait d'être perdu. »
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Christina Corbett, Chargée des relations médias sur les questions humanitaires (Oxfam)
Tél. : +44 (0) 1865 47 2530
Mob. : +44 (0) 7557 48 37 58
Skype : christinacorbett
Twitter : cjcorbett1
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