L’année dernière, la fortune des milliardaires a augmenté tous les jours de 2,5 milliards de dollars alors que la richesse de la moitié la plus pauvre de l’humanité n’a fait que diminuer

Publié: 21st janvier 2019

La fortune des milliardaires a augmenté de 12 % l'an dernier, soit de 2,5 milliards de dollars par jour, tandis que les 3,8 milliards de personnes qui composent la moitié la plus pauvre de l'humanité ont vu leur richesse diminuer de 11 %, comme le révèle un nouveau rapport d'Oxfam publié aujourd'hui. Ce rapport est publié au moment même où se réunissent les dirigeants politiques et économiques à l’occasion du Forum économique mondial de Davos, en Suisse.

 

'Services publics ou fortunes privées' montre à quel point le fossé qui se creuse entre riches et pauvres nuit à la lutte contre la pauvreté et à nos économies, et attise la colère publique dans le monde entier. Ce rapport révèle comment les gouvernements exacerbent les inégalités, d’un côté en sous-finançant les services publics, tels que la santé et l'éducation, et de l’autre en sous-imposant les grandes entreprises et les individus fortunés et en renonçant à combattre efficacement l’évasion fiscale. Il conclut également que les femmes et les filles sont les plus durement touchées par la hausse des inégalités économiques.

 

Winnie Byanyima, Directrice générale d’Oxfam International, a déclaré :

 

"La taille d’un compte en banque ne devrait pas déterminer le nombre d’années de scolarité ni l’espérance de vie de quiconque, or c’est bien ce qui se passe dans trop de pays à travers le monde. Alors que les grandes entreprises et les super-riches sont relativement peu imposés, des millions de filles se voient refuser une éducation correcte et des femmes meurent par manque de soins obstétriques."

 

Le rapport révèle que le nombre de milliardaires a presque doublé depuis la crise financière, avec un nouveau milliardaire tous les deux jours entre 2017 et 2018, alors que les taux d'imposition des individus fortunés et des grandes entreprises n’ont jamais été aussi bas depuis des décennies.

  • Demander aux 1% les plus riches de payer seulement 0,5 % d’impôt en plus sur leur fortune permettrait de récolter plus d’argent qu’il n’en faut pour assurer l’éducation des 262 millions d'enfants déscolarisés et de fournir les soins médicaux pouvant sauver la vie de 3.3 millions de personnes.
  • En 2015, pour chaque dollar de recettes fiscales perçues dans le monde, seulement quatre cents proviennent d’impôts sur la fortune, comme les impôts sur la succession ou sur le patrimoine. Dans beaucoup de pays riches, ces types d’impôts ont été réduits voire éliminés, alors que dans les pays en développement ils sont à peine appliqués.
  • Les taux d'imposition des individus fortunés et des grandes entreprises ont quant à eux été baissés de façon spectaculaire. Par exemple, le taux maximum de l’impôt sur le revenu des particuliers dans les pays riches est passé de 62 % en 1970 à seulement 38 % en 2013. Le taux moyen dans les pays pauvres est de seulement 28 %.
  • Dans certains pays, comme le Brésil, les 10 % les plus pauvres de la société s'acquittent aujourd'hui d’une imposition sur le revenu proportionnellement plus élevée que les 10 % les plus aisés.

Dans le même temps, les services publics souffrent d’un sous-financement chronique ou sont externalisés à des entreprises privées auxquelles n’ont pas accès les personnes les plus pauvres. Dans de nombreux pays, l’accès à l’éducation ou aux soins médicaux de qualité est devenu un luxe auquel seuls les riches peuvent prétendre. Tous les jours, 10 000 personnes meurent par manque d’accès à des soins médicaux abordables. Dans les pays en développement, un enfant issu d'une famille pauvre est deux fois plus susceptible de mourir avant l'âge de cinq ans qu'un enfant né dans une famille riche. Dans des pays comme le Kenya, la scolarité d’un enfant d'une famille riche sera deux fois plus longue que celle d’un enfant d'une famille pauvre.

La réduction des impôts sur la fortune profite principalement aux hommes qui possèdent 50 % de richesses en plus que les femmes dans le monde, et qui détiennent le contrôle de plus de 86 % des entreprises. 

 

À l’inverse, lorsque les services publics sont négligés, ce sont les femmes et les jeunes filles pauvres qui en souffrent le plus. Les filles sont les premières à être déscolarisées lorsque l'argent manque pour payer les frais de scolarité et les femmes consacrent davantage d’heures de travail non rémunéré à s’occuper de parents malades lorsque les systèmes de santé sont défaillants. Oxfam estime que si toutes les activités d'assistance et de soins non rémunérées effectuées par les femmes à travers le monde étaient assurées par une seule et même entreprise, son chiffre d'affaires annuel s’élèverait à 10 000 milliards de dollars, soit 43 fois celui d'Apple, la plus grande entreprise au monde.

 

"Un sentiment de colère et d’injustice s’exprime parmi la population partout dans le monde. Les gouvernements doivent maintenant mettre en œuvre des changements réels, en veillant à ce que les individus fortunés et les grandes entreprises payent leur juste part d'impôt et en investissant cet argent dans des services de santé et d’éducation gratuits qui répondent aux besoins de tous, y compris ceux des femmes et des filles qui sont si souvent négligés. Les gouvernements ont les moyens de bâtir un avenir meilleur pour tous, pas seulement pour une minorité de privilégiés," a ajouté Winnie Byanyima.

Notes aux rédactions

Le rapport, la méthodologie expliquant la méthode de calcul d’Oxfam ainsi que l'ensemble de données sont disponibles ici.

 

Les calculs d'Oxfam sont basés sur les données les plus complètes et les plus actuelles disponibles. Les données concernant le partage des richesses détenues par la moitié la plus pauvre du monde proviennent de l’almanach de la richesse du Crédit Suisse, pour la période comprise entre juin 2017 et juin 2018. Les données sur la richesse des milliardaires sont basées sur des informations plus détaillées de la liste annuelle des milliardaires de Forbes, pour la période allant de mars 2017 à mars 2018.

 

Oxfam est fière de faire partie de la Fight Inequality Alliance, une coalition rassemblant des mouvements sociaux, des groupes environnementaux, des groupes de défense des droits des femmes, des syndicats et des organisations non gouvernementales. La Fight Inequality Alliance organise des événements dans plus de 30 pays entre les 18 et 25 janvier, coïncidant avec le Forum économique mondial de Davos afin d’appeler les dirigeants à écouter les exigences et les solutions portées par les citoyennes et citoyens en matière d’inégalités, et non les élites de Davos. 

Contact

Anna Ratcliff, anna.ratcliff@oxfam.org, +44 7796993288

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