De grandes organisations de la société civile s’unissent pour tirer la sonnette d’alarme suite aux dernières réunions de négociation
Un groupe de grandes organisations internationales des secteurs de l’humanitaire, du développement, de la promotion de la justice sociale, de la défense de l’environnement et du syndicalisme avertissent aujourd’hui que la conférence des Nations unies sur le développement durable, prévue le mois prochain (« Rio 2012 » ou « Rio+20 »), semble ne pas devoir apporter grand-chose aux efforts mondiaux en faveur du développement durable. Ce groupe dénonce en outre le fait que trop d’États se servent des pourparlers pour remettre en cause des droits humains reconnus de longue date et les principes admis d’équité, de précaution et du « pollueur-payeur » – ou, du moins, laissent faire.
Cet avertissement lancé par Development Alternatives, Greenpeace, le Forum brésilien d’ONG et de mouvements sociaux pour l’environnement et le développement (FBOMS), la Confédération syndicale internationale (CSI), Oxfam et par Vitae Civilis survient après deux semaines de négociations intergouvernementales, à moins de 50 jours du sommet qui se déroulera à Rio de Janeiro, du 20 au 22 juin.
La conférence marque le 20e anniversaire du fameux sommet de la Terre qui avait eu lieu à Rio en 1992 et qui vit l’adoption de traités internationaux visant à lutter contre le changement climatique et à préserver la diversité des plantes, des animaux et des autres formes de vie sur Terre. Rio+20 vise à trouver les moyens de promouvoir un monde plus sûr, plus équitable, plus propre, plus écologique et plus prospère pour toutes les populations.
« Après quatre mois de pourparlers sur l’avant-projet du document final, les négociations de Rio+20 n’ont pas progressé d’un iota, se désole Antonio Hill d’Oxfam. Peu, voire rien, n’est ressorti qui permette d’accomplir ce que les États avaient unanimement estimé nécessaires il y a 20 ans, au sommet de la Terre. »
« Le sommet de la Terre de 1992 a posé un jalon ; il a permis d’unir les efforts de développement et de protection de l’environnement. Or, aujourd’hui, il est encore plus urgent de relever le défi lancé à l’époque d’assurer la prospérité de toutes et tous sans dépasser les limites écologiques, souligne Daniel Mittler de Greenpeace. Il est grand temps de mettre fin à la déforestation, de protéger les écosystèmes de haute mer et d’opérer la révolution énergétique – c’est un avenir qui vaut la peine d’être choisi. »
Selon le groupe, la persistance de la crise financière, l’aggravation des inégalités, les défaillances du système alimentaire, le changement climatique et la raréfaction des ressources naturelles imposent d’adopter une nouvelle approche du développement économique. Pourtant, l’actuel texte de négociation n’apporte rien de neuf. Aux côtés de travailleurs, citoyens, producteurs et consommateurs du monde entier, ces organisations œuvrent à assurer le bien-être, l’égalité économique et une prospérité qui restaure l’environnement naturel dont nous dépendons, toutes et tous.
« Nous entendons les citoyens du monde entier réclamer un avenir meilleur. Des millions de personnes exigent, sans plus tarder, le respect de leurs droits et des solutions justes et durables à la pauvreté et à la souffrance, plaide Alison Tate de la CSI. Le message est clair : il est temps de changer de cap et d’accorder la primauté à l’avenir de l’humanité et de la planète. »
Pour pouvoir évaluer les résultats du sommet de Rio 2012, ces organisations ont élaboré un programme en dix points visant la transformation nécessaire de toute urgence à l’échelle mondiale pour assurer un développement durable. D’une seule voix, ils appellent les États à :
- fixer une série d’objectifs mondiaux ambitieux en matière de développement durable, visant à éradiquer la pauvreté, réduire les inégalités et garantir la justice et les droits humains tout en respectant les limites des ressources naturelles de la planète ;
- fournir des ressources nouvelles et supplémentaires pour un développement durable, notamment des sources innovantes de financement public, telles que la taxe sur les transactions financières, afin de lutter contre la pauvreté et contre le changement climatique, et s’engager à réformer en profondeur les politiques budgétaires, notamment à réaffecter à la pêche durable, à l’accès aux énergies renouvelables et aux petites exploitations agricoles les fonds utilisés pour financer des subventions dommageables ;
- adopter des réformes du système de gouvernance mondiale pour disposer d’institutions fortes, dotées de l’autorité et des pouvoirs nécessaires pour faire respecter les normes et les engagements internationaux en matière d’environnement et de développement, et entamer la négociation d’un traité international qui garantisse les droits d’accès du public à l’information, à la participation et à la justice, afin de renforcer l’imputabilité et le contrôle citoyen des réalisations en matière d’environnement et de développement aux niveaux national, régional et mondial ;
- s’engager à investir une part du revenu national en faveur d’emplois « verts » et décents et de moyens de subsistance durables, de manière à garantir l’équité sociale, l’égalité entre les sexes, les droits syndicaux, la démocratie et la transition juste vers une économie d’avenir ;
- définir un socle universel de protection sociale, gage du respect des droits humains et de niveaux de vie décents dans le monde entier, impliquant notamment d’affecter des ressources à l’établissement d’un niveau suffisant de protection sociale dans les pays les moins développés ;
- arrêter un plan de transition rapide vers des modes de production et de consommation durables, qui prévoie notamment un renforcement de l’investissement dans les petites et moyennes entreprises, les coopératives de producteurs et dans les secteurs informels, ainsi que des politiques de marchés publics et des mesures d’incitation en faveur des produits et services équitables et écologiques ;
- établir un cadre réglementaire général visant à renforcer l’obligation pour les entreprises de rendre des comptes sur l’ensemble des incidences sociales et environnementales de leurs activités à l’échelle mondiale, conformément aux principes de Rio et à la Déclaration universelle des droits humains ;
- impulser un revirement en faveur d’une alimentation suffisante, saine et nutritive pour tout le monde, qui passe notamment par des politiques et des investissements en faveur des fermes de petite taille, des productrices agricoles, de la sécurité d’accès à l’eau, à la terre et aux sols et, partant, de la protection de toutes ces ressources et de la biodiversité dont dépend la sécurité alimentaire ;
- prendre des mesures décisives pour rétablir la santé, la productivité et la durabilité des océans, annoncer un nouvel accord de protection de la vie marine en haute mer, en vertu de la convention des Nations unies sur le droit de la mer, et prendre les dispositions nécessaires pour mettre fin à la surexploitation, assurer la durabilité des moyens de subsistance fondés sur les ressources de la mer et garantir une vie marine abondante à l’avenir ;
- procurer des solutions énergétiques justes et durables, qui donnent la priorité aux populations pauvres et contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment une nouvelle aide financière et technique aux pays en développement, axée sur l’offre complète des services énergétiques nécessaires pour sortir les gens de la pauvreté.
« Personne n’appelle de ses vœux un énième sommet de routine, prévient Rubens Born du FBOMS. Aux chefs d’États et de gouvernements auxquels il incombe d’imprimer un changement de cap, nous disons : Vous pouvez lancer la mise en œuvre d’un développement durable aujourd’hui ou faire face à la colère et à la déception de millions de citoyens dans les années et les générations à venir. »
Et Ashok Khosla, président de Development Alternatives, de conclure : « Compte tenu des nombreuses crises qui menacent les systèmes entretenant la vie et notre civilisation, il est urgent que les négociateurs s’affranchissent des clichés et des idéologies obsolètes afin d’engager leurs pays dans les mesures qui s’imposent pour éradiquer la pauvreté et régénérer l’environnement naturel. »
En savoir plus
Blog : Prêts pour l’avenir ? La route chaotique vers de nouveaux objectifs de développement
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Contact
Les médias peuvent contacter :
- Antonio Hill, Oxfam, ahill@oxfam.org.uk, portable: +1 917 775 1279
Pour les autres organisations participantes, contacter :
- Alison Tate, Confédération syndicale internationale (CSI), portable : +32.473.834.254, alison.tate@ituc-csi.org
- Zeenat Niazi, Development Alternatives, tél. +91 (11) 26134103, zniazi@devalt.org
- Daniel Mittler, Greenpeace International, portable : +49 160 946 76589, dmittler@greenpeace.org
- Rubens Harry Born, Forum brésilien d’ONG et de mouvements sociaux pour l’environnement et le développement (FBOMS) et Vitae Civilis, portable : +1 917 215 6232, rubens@vitaecivilis.org
Les médias peuvent contacter :
- Antonio Hill, Oxfam, ahill@oxfam.org.uk, portable: +1 917 775 1279
Pour les autres organisations participantes, contacter :
- Alison Tate, Confédération syndicale internationale (CSI), portable : +32.473.834.254, alison.tate@ituc-csi.org
- Zeenat Niazi, Development Alternatives, tél. +91 (11) 26134103, zniazi@devalt.org
- Daniel Mittler, Greenpeace International, portable : +49 160 946 76589, dmittler@greenpeace.org
- Rubens Harry Born, Forum brésilien d’ONG et de mouvements sociaux pour l’environnement et le développement (FBOMS) et Vitae Civilis, portable : +1 917 215 6232, rubens@vitaecivilis.org