- Seuls 41 camions de matériaux de construction ont été autorisés à entrer depuis janvier;
- Les maisons, écoles, hôpitaux et réseaux d’assainissement ne peuvent être reconstruits.
La communauté internationale a trahi la population de Gaza en étant incapable de ses paroles en actes pour mettre un terme au blocus de Gaza qui empêche la reconstruction, déclare un groupe d'ONG humanitaires, de développement et de défense des droits dans un nouveau rapport publié aujourd’hui à la veille de l’anniversaire du début de l’opération militaire israélienne « Plomb durci ».
Les autorités israéliennes n’ont autorisé que 41 camions de matériaux de construction dans Gaza depuis la fin de l’offensive à la mi-janvier, relèvent les ONG, dont Amnesty International, le CCFD – Terre Solidaire et Oxfam International. Il faudra des milliers de camions chargés de matériaux de construction rien que pour construire et réparer des milliers de maisons.
On n’a pu réparer jusqu’à présent que très peu des dommages à grande échelle causés aux maisons, aux infrastructures civiles, aux services publics, aux fermes et aux entreprises, car on interdit à la population civile, ainsi qu’aux Nations Unies et aux ONG qui leur viennent en aide, d’importer des matériaux comme le ciment ou le verre, mis à part dans un très petit nombre de cas, souligne le rapport.
Oxfam International a déclaré: “Israël n’a pas été seul à abandonner les gens de Gaza en mettant en œuvre un blocus qui punit tous les habitants de Gaza pour les agissements de seulement quelques uns. Les grandes puissances ont également abandonné, et même trahi, les Gazaouis. Ils ont froncé les sourcils et prononcé des discours, mais n’ont presque rien fait concrètement pour tenter de changer cette politique destructrice qui empêche la reconstruction, la réhabilitation des personnes et la reprise économique ».
“ Le Hamas et les autres groupes palestiniens armés, également, doivent maintenir leur actuelle cessation des hostilités de facto, stopper de façon permanente les tirs de roquettes indiscriminés vers Israël depuis Gaza. Et toutes les factions palestiniennes doivent par ailleurs intensifier le dialogue en vue de la réconciliation vers un gouvernement palestinien réunifié qui sera effectivement capable de répondre aux besoins de sa population civile ».
L’impact de l’interdiction d’importer des matériaux de construction va bien au-delà, indiquent les auteurs du rapport. Selon eux, le blocus a également conduit à de fréquentes coupures d’électricité, de gaz et d’eau, avec des conséquences désastreuses sur la vie quotidienne et la santé publique. Des tronçons du réseau électrique de Gaza ont été bombardés durant le conflit et nécessitent des réparations urgentes, qui, près d’un an après la fin des combats, n’ont toujours pas été permises. A cela s’ajoutent les restrictions d’approvisionnement en gaz industriel imposées de façon continue par Israël, privant 90% des Gazaouis de courant de 4 à 8h par jour.
Ces coupures de courant provoquent également des interruptions quotidiennes de l’approvisionnement en eau, de même que l’impossibilité de réparer les tuyaux, les réservoirs sur les toits et les connections au réseau d’eau dans les maisons, dans la mesure où les matériaux et pièces détachées ne sont pas considérés comme des fournitures humanitaires essentielles par Israël, et ne peuvent donc entrer dans Gaza soumises au blocus. Avec la perte de pression dans les tuyaux, l’eau du sol pénètre dans les fissures et jointures et contamine l’ensemble du réseau. Ajoutée à l’incapacité chronique de réparer le système de traitement des eaux usées, la qualité de l’eau est une préoccupation majeure pour les organisations humanitaires à Gaza, où la diarrhée est responsable de 12% des décès parmi les jeunes.
Le blocus, qui avait commencé en juin 2007 après que le Hamas ait pris le contrôle de la Bande de Gaza, a fortement aggravé la pauvreté à Gaza, contribuant à rendre 80% de la population dépendante de l’aide. Les entreprises et les fermes ont été contraintes de fermer et de renvoyer leurs ouvriers. La quasi interdiction qui pèsent sur les exportations a frappé les agriculteurs de plein fouet, et leur situation s’est détériorée avec la guerre qui a dévasté 17% des terres arables, serres et systèmes d’irrigation. En outre, 30% des terres arables ont été interdites d’accès et estampillées « zone tampon » par les militaires israéliens depuis la fin de l’offensive.
Amnesty International, a dit “la dure réalité vécue par 1,5 million de personnes dans Gaza devrait révolter n’importe quelle personne avec une once d’humanité. Des gens malades, traumatisés et appauvris subissent une peine collective dans le cadre d’une politique cruelle et illégale imposée par les autorités israéliennes.
La responsabilité qu’a Israël de protéger ses citoyens ne lui donne pas le droit de punir chaque homme, femme et enfant de Gaza. Tous les Etats ont l’obligation au regard du droit international d’intervenir afin de mettre un terme à ce blocus brutal, mais jusqu’à présent les dirigeants internationaux sont incapables de faire réellement la preuve de leur humanité à cet égard. Tous les Etats doivent insister auprès du gouvernement israélien afin qu’il arrête le blocus et laisse les habitants de Gaza reconstruire leurs vies qui ont été brisées ».
Le rapport souligne que, si Israël a le devoir de protéger ses citoyens, les moyens auxquels il a recours doivent être conformes au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire. En imposant le blocus à Gaza, Israël viole l’interdiction de procéder à des peines collectives posée par le droit international humanitaire, indique le rapport, dans lequel les ONG demandent à Israël d’arrêter le blocus. Elles déclarent également que « les gens de Gaza ont été trahis par la communauté internationale qui peut et doit faire bien davantage pour mettre un terme à ce blocus illégal et inhumain ». Elles appellent l’UE, par exemple, à agir immédiatement et de façon concertée pour obtenir la levée du blocus de Gaza afin que la clôture de la présidence espagnole de l’UE en juin 2010 ne coïncide pas avec le 3ème anniversaire du blocus.
Elles demandent également aux Ministres des Affaires étrangères européens et au nouveau Haut Représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, de visiter Gaza et de se rendre compte par eux-mêmes de l’impact du blocus sur la population. Obtenir l’ouverture immédiate des points de passage de Gaza pour les matériaux de construction pour réparer des maisons détruites et des infrastructures civiles alors que l’hiver s’installe serait un pas important vers la fin du blocus, soulignent les ONG.
Pour Christian Aid, “Il ne suffit plus que la communauté internationale se contente de manifester son mécontentement à propos du blocus de Gaza. Il est temps de laisser la population de Gaza ramasser les débris éparpillés de leurs vies, et de commencer à reconstruire. Il ne doit plus y avoir aucune excuse pour la communauté internationale »
En savoir plus
Le travail d'Oxfam autour de la crise de Gaza.
Notes aux rédactions
- "Abandon de Gaza : Aucune reconstruction, aucune réparation, plus d’excuses" est disponible pour les journalistes sur simple demande
- Les frappes aériennes israéliennes avaient débuté le matin du 27 décembre 2008.
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