Oxfam et une coalition d’ONG rappellent que plus de 2 millions de personnes sont mortes en trois ans de discussions et appellent de toute urgence à lancer les négociations pour un traité sur le commerce des armes.
Oxfam International a souligné aujourd’hui que les pourparlers sur l’adoption d’un traité international efficace sur le commerce des armes classiques piétinaient à cause des intérêts personnels et des manœuvres dilatoires de certains gros exportateurs d’armes. Ces marchandages diplomatiques prennent place à la veille de pourparlers cruciaux qui vont se tenir ce mois-ci à l’ONU, alors que les chiffres montrent que la violence armée continue de toucher des dizaines de milliers de personnes à travers le monde.
Dans un rapport intitulé « L’inaction tue » publié aujourd’hui, Oxfam et 11 autres organisations non gouvernementales qui soutiennent la campagne internationale « Contrôlez les armes » indiquent que près de 2,1 millions de personnes sont mortes directement ou indirectement en raison de la violence armée depuis que les Etats ont convenu en 2006 de la nécessité de réglementer le commerce des armes. C’est l’équivalent de plus de 2000 morts par jour, plus d’une personne tuée chaque minute.
Les gouvernements se réunissent ce mois-ci à l’ONU, à New York, pour débattre officiellement du lancement ou non des négociations formelles en vue de l’élaboration d’un traité sur le commerce des armes (TCA). Oxfam estime que le monde ne peut se permettre d’attendre plus longtemps. Un traité doit être conclu au plus tard fin 2012, un traité solide qui devrait limiter les flux d’armes et de munitions qui alimentent la pauvreté, les conflits, la criminalité armée et les violations des droits humains.
« La violence armée coûte chaque jour 2 000 vies. Huit gouvernements sur dix souhaitent l’adoption d’un traité sur le commerce des armes et les citoyens partagent cette position. Aux Nations unies ce mois-ci, nous avons besoin d’une majorité d’Etats éclairés pour y arriver. On ne peut pas laisser indéfiniment une petite minorité d’Etats intransigeants garder le pied sur le frein » a déclaré Jeremy Hobbs, Directeur exécutif d’Oxfam International.
« Plus que pour tout autre commerce, les responsables politiques doivent faire tout leur possible pour contrôler les flux d’armes et d’armements. Nous devons réformer le système actuel où il n’existe pas de contrôle mondial efficace du commerce des armes, et où les marchands d’armes peu scrupuleux peuvent facilement faire transiter des armes vers les pires zones de conflits du monde » poursuit Jeremy Hobbs.
Selon le rapport, parmi les 2,1 millions de décès -majoritairement de civils- plus de 700 000 ont été causés directement ou indirectement par des conflits armés, y compris en Afghanistan, en Somalie, au Soudan et au Sri Lanka. La guerre la plus meurtrière au monde, en République démocratique du Congo (RDC), s’est aggravée, ce qui a contribué à l’augmentation du nombre de morts.
Le rapport cite plusieurs cas où les gouvernements ont manifesté une volonté politique d’agir rapidement et efficacement quand ils le voulaient. Par exemple, il n’a fallu que 17 jours après les attentats du 11 septembre pour que tous les Etats gèlent les avoirs financiers des personnes liées au terrorisme alors que l’adoption de la Convention sur les bombes à sous-munitions a pris un peu moins de deux ans.
Jan Egeland, ancien sous-secrétaire des Nations unies aux Affaires humanitaires, et auteur de la préface du rapport, a déclaré : « Même s’il y a eu une baisse perceptible dans le nombre des guerres depuis la chute du mur de Berlin, le nombre d’attaques violentes contre des civils a atteint des niveaux intolérables. Seule une convention forte, claire et vérifiable pourra contrôler les transferts et mettre fin aux réseaux illégaux des courtiers en armes qui fournissent les armes de pauvreté massive et les armes de tueries massives de notre génération ».
Oxfam et ses alliés rappellent qu’un traité efficace n’entraverait pas le droit d’un Etat d’acquérir des armes à des fins de légitime défense et de respect de l’Etat de droit. La coalition appelle à l’autorisation de transferts internationaux d’armes basée sur les critères du droit international des droits humains, du droit international humanitaire et du développement durable.
« Nous avons besoin d’un traité solide qui rendrait plus difficile pour tout seigneur de la guerre l’obtention des nouvelles armes et munitions. Des transactions d’armes récentes et dangereuses, comme dans le cas du Tchad, du Zimbabwe ou de la Libye, devraient être évitées car des milliers d’armes peuvent se retrouver dans de mauvaises mains. Dans tous ces cas, la vente d’armes n’aurait jamais dû être autorisée » conclut Jeremy Hobbs.
Télécharger le rapport : L'inaction tue: L'urgence d'un traité efficace sur le commerce des armes
Notes aux rédactions
Oxfam International fait partie de la campagne « Contrôlez les armes », un mouvement d’organisations non gouvernementales oeuvrant en faveur d’un traité mondial régulant le commerce des armes. Ce rapport a été publié avec le soutien de l'Asociación para Políticas Públicas, le Forum africain pour la paix, la fondation indienne Control arms, l’Institut Sou Da Paz, Non-violence international, l’organisation Norwegian Church Aid, l’ Forum norvégien pour l’environnement et le développement, Saferworld, l’Institut Schweitzer, l’organisation Swedish Fellowship of Reconciliation et l’institut des femmes pour un développement alternatif (WINAD).
Oxfam International fait partie de la campagne « Contrôlez les armes », un mouvement d’organisations non gouvernementales oeuvrant en faveur d’un traité mondial régulant le commerce des armes. Ce rapport a été publié avec le soutien de l'Asociación para Políticas Públicas, le Forum africain pour la paix, la fondation indienne Control arms, l’Institut Sou Da Paz, Non-violence international, l’organisation Norwegian Church Aid, l’ Forum norvégien pour l’environnement et le développement, Saferworld, l’Institut Schweitzer, l’organisation Swedish Fellowship of Reconciliation et l’institut des femmes pour un développement alternatif (WINAD).