Les Syriens abandonnés par des pays donateurs majeurs : 2,7 milliards de dollars manquent encore à l’appel des Nations unies

Publié: 18th septembre 2013

La France, le Qatar et la Russie n’ont toujours pas versé la moitié du montant de ce qui devrait être leur juste contribution au financement de la réponse à la crise en Syrie

Une étude menée par l’ONG Oxfam, publiée en amont de la conférence des donateurs du mercredi 25 septembre à New-York, montre que de nombreux pays donateurs n’ont toujours pas versé leur contribution attendue au financement nécessaire pour répondre à la crise humanitaire en Syrie.

S’il est plus urgent que jamais de trouver une solution politique au conflit syrien, il est indispensable que les pays donateurs, dont la France, le Qatar et la Russie, se concentrent également sur le financement de l’appel des Nations unies pour la Syrie, à hauteur de 5 milliards de dollars, déclare Oxfam.

Cette étude établit le montant de l’aide qui devrait être engagé par chaque pays, selon son PIB et sa richesse cumulée. Selon l’analyse d’Oxfam, plusieurs pays tels le Qatar, la Russie, les Emirats Arabe Unis et la France influencent la réponse internationale au conflit, mais n’ont pas été à la hauteur en matière d’aide humanitaire.

« Trop de pays donateurs ne fournissent pas les fonds qui sont attendus d’eux. Même si la conjoncture économique est difficile, nous sommes face à la plus grande crise humanitaire provoquée par l’Homme des deux dernières décennies et nous devons y répondre sérieusement. L’ampleur de la crise est sans précédent et il est urgent que certains pays commencent à montrer leur préoccupation pour la crise en Syrie en mettant la main au portefeuille », déclare Colette Fearon, responsable du programme Syrie à Oxfam.

Pour une juste contribution

« En n’apportant pas l‘aide humanitaire nécessaire, des pays tels que la France et la Russie manquent à leurs devoirs. Les pays donateurs doivent prendre de réels engagements lors de la réunion de la semaine prochaine pour la Syrie, et ce afin de s’assurer que l’argent arrive au plus vite. Le temps des promesses est passé. La situation exige d’engager des fonds afin de sauver des vies ».

Le Qatar et la Russie ont tous deux fourni à peine 3% de ce qui serait considéré comme leur juste contribution à l’effort humanitaire, alors que le financement de la France demeure inférieur à la moitié (47%) de ce qui serait attendu d’elle. Les calculs d’Oxfam sont basés sur les données du Service de surveillance financière des Nations unies, le Fond central d’intervention d’urgence des Nations unies, ECHO ainsi que d’autres contributions bilatérales qui ont été confirmées par les bailleurs.

Un tiers des pays membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération économique et de développement (OCDE), représentants parmi les pays les plus riches du monde, ont donné moins de la moitié que ce qui serait attendu, aux vues de la taille de leurs économies.

Le Japon, par exemple, n’a contribué qu’à hauteur de 17% de ce qui serait considéré comme étant sa juste contribution et la Corée du Sud à hauteur d’à peine 2%. Les Etats-Unis sont aujourd’hui le plus gros bailleur de l’appel des Nations-unies. Pourtant le pays n’a engagé que 63% de ce qui devrait être sa part et pourrait largement accroître ses efforts pour venir en aide aux personnes affectées par le conflit syrien.

Chaque dollar compte

Oxfam appelle aussi tous les bailleurs de fonds à enregistrer leurs contributions auprès du Service de surveillance financière des Nations unies afin de maximiser l’efficacité et la transparence de l’aide.

« Quand les financements sont aussi faibles, chaque dollar compte. Nous voyons des personnes partir sans nourriture, sans abri ou sans eau chaque jour. Savoir qui fournit quelle forme d’aide et à quel endroit nous permettra d’aider autant de personnes que possible » déclare Colette Fearon.

Les problèmes de financement affectent déjà la capacité des organisations à répondre aux besoins humanitaires et les obligent à prendre des décisions difficiles, notamment concernant l’utilisation du peu de fonds dont elles disposent.

L’étude d’Oxfam dresse également la liste des pays qui ont contribué généreusement à l’appel. Les pays ayant surpassé leur juste contribution sont le Koweït (461%), la Norvège (134%), l’Arabie Saoudite (187%) et le Royaume-Uni (132%). L’ONG accueille favorablement les nouvelles promesses de financement qui ont été faites lors du récent G20 mais déclare que les fonds doivent être versés aussi rapidement que possible afin de fournir l’aide qui est nécessaire au plus vite.

En juin, les Nations unies ont lancé un appel sans précédent à hauteur de 5 milliards de dollars pour la Syrie mais celui-ci n’est pour l’instant financé qu’à hauteur de 44%. D’autres appels de fonds sont en difficulté de financement. L’appel à dons d’Oxfam, à hauteur de 48,9 millions de dollars, soit le plus important jamais lancé par l’ONG, n’est pour l’instant financé qu’à 39%.

La situation humanitaire continue d’empirer en Syrie, alors que plus de deux millions de personnes ont fui le pays et se sont enregistrées comme réfugiés. En Syrie même, plus de quatre millions de personnes ont urgemment besoin d’aide.

Le temps des promesses est passé. La situation exige d’engager des fonds afin de sauver des vies.
Colette Fearon
Responsable du programme Syrie à Oxfam

Notes aux rédactions

  • L’étude d’Oxfam sur les contributions par pays est disponible en anglais
  • Dans son estimation de la totalité des besoins, l’étude analyse quatre appels à dons : le plan SHARP des Nations Unies de 2013, le Plan de réponse aux réfugiés 5, le CICR et le FICR.
  • Cette étude s’appuie sur les fonds réellement engagés et non seulement sur ceux promis. Les données de financement ont été trouvées grâce au Service de surveillance financière (FTS) des Nations unies et en consultant les pays donateurs. Elle inclut aussi les contributions faites via d’autres canaux multilatéraux tels que l’Office humanitaire des communautés européennes (ECHO), le Fond central d’intervention d’urgence des Nations unies, ainsi que les contributions bilatérales.
  • La contribution équitable d’un pays est un pourcentage estimé sur la base sur de son Produit national brut. L’analyse de contribution équitable inclut les pays du Comité d’aide au développement ainsi que des pays à haut revenus qui ne sont pas membre de ce comité, tels la Russie.

Contact

  • En Grande Bretagne : Ian Bray, ibray@oxfam.org.uk; +44 1865 472 289/ Zahra Akkerhuys, zakkerhuys@oxfam.org.uk; +44 1865 472498/+44 7525 901932
  • En Jordanie : Karl Schembri, kschembri@oxfam.org.uk; +962 790 625 217
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