LRA : les Nations unies ne doivent plus abandonner les populations civiles menacées

Publié: 21st octobre 2010

Des dizaines de milliers de personnes resteront privées d'une aide humanitaire vitale si la mission des Nations unies au Congo n'augmente pas sa présence dans les zones attaquées par l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), souligne, Oxfam.

L'insécurité constante n'a cessé de freiner l'action humanitaire et a contraint quelque 43 % des personnes déplacées par les attaques de la LRA dans le territoire enclavé du Bas-Uélé de survivre sans aucune assistance. Cet appel intervient alors que le Conseil de sécurité se réunit pour discuter des actions de ses forces de maintien de la paix dans un pays terrorisé par de nombreux groupes rebelles.

Ces dernières semaines, les attaques de la LRA ont forcé des centaines de familles à fuir leur foyer en direction du territoire du Haut-Uélé, situé au Nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), s'ajoutant ainsi aux 260 000 personnes déjà déplacées dans les territoires du Haut et Bas-Uélé et qui, aujourd'hui, restent vulnérables face à la maladie, l'exploitation et la misère.

Marcel Stoessel, directeur d'Oxfam en RDC, a ainsi déclaré :

"La force de maintien de la paix des Nations unies (Monusco) est en train d'abandonner des dizaines de milliers de personnes qui nécessitent une protection et assistance d'urgence. La LRA a tué et enlevé plus de personnes que tout autre groupe armé au Congo, mais les ressources de l'ONU destinées à protéger les civils dans les zones affectées restent insuffisantes. Le Conseil de sécurité doit insister sur le redéploiement immédiat dans ces régions de casques bleus, de moyens de transport et d'un personnel civil expérimenté dans la protection des civils. Certes les besoins sont immenses à travers l'Est du Congo mais, face aux niveaux de violence exceptionnels perpétrés par la LRA, la Monusco doit désormais allouer ses ressources en priorité à ce problème."

"Une fois présents, les casques bleus devront rapidement être à l'écoute des communautés et leur apporter une protection efficace, tout en renforçant la sécurité afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire".

"La responsabilité de la protection des civils incombe tout d'abord au gouvernement congolais, mais les nouvelles attaques ces dernières semaines démontrent que les efforts nationaux sont, pour l'heure, insuffisants pour sécuriser les populations. Si le renforcement des forces de sécurité congolaises est la solution à long terme, dans l'immédiat il faut que la Monusco prenne le relais."

Avec plus de 18 000 soldats, la Monusco est la plus importante force de maintien de la paix au monde. Toutefois, on estime que moins de 1 000 casques bleus sont déployés dans les zones touchées par la LRA, malgré les attaques incessantes et extrêmes dirigées contre les civils ces deux dernières années.

Depuis septembre 2008, la LRA a tué plus de 2 000 personnes, en a enlevé plus de 2 500 et provoqué le déplacement de 400 000 autres en RD Congo, au Soudan ainsi qu'en République centrafricaine.

Marcel Stoessel poursuit :

"Les communautés interrogées au mois de juillet 2010 par Oxfam estimaient que la mission de l'ONU était davantage occupée à protéger ses propres bases qu'à maintenir la population en sécurité. Dans d'autres régions du Congo, la Monusco a montré qu'elle pouvait faire bien mieux que cela".

Oxfam travaille auprès de populations qui vivent quotidiennement dans la peur et qui ont un grand besoin d'aide. Afin de mieux répondre aux besoins des populations touchées, il est indispensable que l'ONU assume ses responsabilités et contribue à améliorer la sécurité des zones les plus instables.

Au début du mois d'octobre 2010 déjà, Oxfam en avait appelé à une action urgente de la part des Nations unies et de la communauté internationale pour contrer la menace que la LRA fait peser sur les civils ainsi que sur la stabilité et la paix régionales, soutenant qu'on avait laissé ce sujet sortir des priorités internationales et que les Nations unies devaient servir de forum permettant une discussion et une coordination des réponses non militaires à ce problème.

"Le Conseil de Sécurité doit demander des rapports réguliers concernant les activités de la LRA ainsi que sur les réponses destinées à neutraliser la menace qu'elle fait peser sur les civils. Il devrait user de son influence pour s'assurer que les initiatives non militaires ne soient pas négligées, en revitalisant, par exemple, le rôle d'un envoyé spécial aux zones affectées", ajoute Marcel Stoessel.

En savoir plus

Lire la note d'Oxfam Une action régionale pour protéger les civils dans les zones affectées par la LRA’


Le réponse humanitaire de Oxfam au conflit en R.D. Congo

 

Oxfam travaille auprès de populations qui vivent quotidiennement dans la peur et qui ont un grand besoin d'aide Afin de mieux répondre aux besoins des populations touchées, il est indispensable que l'ONU assume ses responsabilités et contribue à améliorer la sécurité des zones les plus instables
Marcel Stoessel
Directeur d’Oxfam en R.D. Congo

Notes aux rédactions

  1. La LRA est active au sein d'une vaste zone géographique à cheval sur les frontières de la RDC, l'Ouganda, et le Sud-Soudan. A l'heure actuelle, quelque 260 000 personnes sont déplacées par les violences liées à la LRA en RDC, alors que 20 000 civils congolais ont fui vers le Soudan et la République centrafricaine (RCA). On estime à 15 000 le nombre de personnes ayant fui les attaques de la LRA en RCA rien que cette année 2010. Plus de 80 000 personnes au Sud Soudan ont fui les attaques de la LRA en 2009, auxquels s'ajoutent encore 42 400 déplacés depuis le début 2010.
  2. L'ONU a enregistré plus de 200 attaques dans les districts du Haut et Bas-Uélé, situés au Nord-Est de la RD Congo, depuis début 2010, et 21 autres au Sud Soudan.
  3. Le mandat de la Monusco l'oblige à donner la priorité à la protection des civils dans toute décision relative à l'allocation des ressources et de fournir un appui sécuritaire pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire.
  4. Oxfam apporte actuellement son aide à quelques 120 000 personnes touchées par les violences commises par la LRA dans le Haut-Uélé.

Contact

Anna Ridout, Chargée des Relations Médias, Oxfam, l: +44 (0)1865 473415, m: +44 (0)7766 443506, aridout@oxfam.org.uk

Louis Belanger, Responsable des Relations Médias, t: +1 212 687 2678; m: +1 917 224 0834 louis.belanger@oxfaminternational.org, @louis_press