En 2009, chaque minute cinq personnes ont été forcé de fuir leurs foyers
Plus de 1,4 million de personnes ont été forcées de quitter leurs foyers cette année en raison de la recrudescence de la violence en République démocratique du Congo, au Soudan et en Somalie, a déclaré aujourd’hui l’organisme international Oxfam, alors que les chefs d’État se réunissent en Libye à l’occasion du Sommet de l’UA pour y discuter de la paix et de la sécurité en Afrique.
ALors du dernier Sommet de l’UA en janvier 2009, les dirigeants n’ont pas réussi à résoudre les conflits continus ou à prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils contre la violence et la souffrance, a déclaré Oxfam. Depuis, la violence en RDC, dans le centre-sud de la Somalie et la région sud du Soudan n’a cessé d’augmenter et d’innombrables vies ont été détruites. Le reste de la communauté internationale est restée tout aussi inefficace.
« Depuis la dernière rencontre des chefs d’État de l’UA, l’équivalent d’une famille de cinq personnes devient sans-abri en raison de ces conflits, toutes les 60 secondes, chaque jour. L’UA doit condamner sans équivoque une telle souffrance. Il est inacceptable, pendant la tenue du Sommet, que des Africaines continuent d’être violées, que des hommes soient tués, que des familles soient séparées et que les vies de générations d’enfants soient réduites en pièces », a déclaré Désiré Assogbavi, premier analyste des politiques en Afrique d’Oxfam.
Oxfam a demandé à l’UA qu’elle mette de nouveau l’accent sur des solutions diplomatiques et politiques durables à ces conflits, plutôt que des actions militaires qui apportent encore plus de morts et de misère.
La RDC a connu les plus importants déplacements de populations depuis le début de l’année. Près de 800 000 personnes dans la région de la RDC ont dû fuir à la suite de l’offensive militaire de l’armée congolaise, appuyée par les Nations Unies, qui a été lancée en janvier et qui a depuis entraîné de nombreuses attaques de représailles par les rebelles des FDLR. Les communautés terrorisées ont rapporté au personnel d’Oxfam les nombreux viols, l’incendie et le pillage des villages des régions nord et sud du Kivu dont elles ont été témoins.
« L’UA doit dire au gouvernement congolais qu’une telle souffrance ne sera plus tolérée. Alors que les atrocités commises par les rebelles des FDLR doivent cesser, rappelons que les troupes gouvernementales commettent également des actes inacceptables qui violent les droits de la personne », a déclaré M. Assogbavi.
Au cours des six derniers mois, le sud du Soudan a connu la pire violence et les plus grands déplacements de populations depuis la signature de l’Accord de paix global. Près de 200 000 civils ont fui les conflits de plus en plus meurtriers liés aux frictions tribales, aux vols de bétail et aux tensions entre les régions nord et sud. Pendant ce temps, le Darfour demeure la scène d’une des plus importantes crises humanitaires dans le monde et les conflits ont déplacé au moins 140 000 personnes depuis le début de l’année – la plupart fuyant vers des camps de réfugiés déjà surpeuplés et recevant encore moins d’aide à la suite de l’expulsion récente des organismes humanitaires.
« L’Accord de paix global semble de plus en plus fragile et doit faire l’objet d’une attention diplomatique de toute urgence. Les gouvernements de l’UA ont joué un rôle important dans l’établissement de cet accord de paix, montrant bien ce qui peut être obtenu lorsque existe une volonté politique suffisante. Ils doivent maintenant œuvrer à le préserver. Une nouvelle guerre aurait des effets dévastateurs non seulement pour le Soudan, mais pour tous ses voisins », a déclaré M. Assogbavi.
Des dizaines de milliers d’autres personnes sont également devenues sans-logis dans le nord de la République démocratique du Congo et au sud du Soudan en raison des attaques continues du LRA du nord de l’Ouganda. Une offensive militaire conjointe contre le LRA a été lancée à la fin de 2008, sans toutefois réussir à stopper les attaques contre les civils.
En Somalie, 160 000 personnes ont fui la capitale de Mogadiscio depuis le mois de mai, après une recrudescence des combats entre le gouvernement fédéral de transition et les groupes paramilitaires et d’opposition. La plupart des personnes déplacées ont cherché refuge dans les vastes camps autour de la ville où les conditions de vie sont alarmantes. Il est de plus en plus difficile pour les organismes humanitaires de venir en aide aux personnes dans le besoin en raison de la sécurité qui se détériore rapidement. Oxfam a lancé un appel à l’UA pour qu’elle force toutes les parties impliquées dans le conflit à respecter les lois internationales, à cesser les combats dans les zones peuplées et à permettre aux organismes de fournir de l’aide aux personnes dans le besoin.
Désiré Assogbavi a déclaré : « Au cours des dix dernières années, la paix et la sécurité en Afrique ont fait de grandes avancées – il y a désormais moins de conflits sur le continent et les forces africaines de la paix sont intervenues pour protéger les civils. Toutefois, la souffrance et les conflits continus dans ces trois pays portent un coup fatal à l’espoir d’un avenir paisible et prospère en Afrique. L’UA doit envoyer un message unilatéral aux gouvernements, aux groupes rebelles et paramilitaires responsables de cette souffrance : « Nous en avons assez».