Oxfam International salue les propositions de la Commission européenne présentées aujourd'hui à Bruxelles pour faire progresser les négociations post-Copenhague sur le climat. Toutefois, l’organisation internationale rappelle que si la stratégie européenne met l’accent, à raison, sur les échappatoires de l'Accord politique signé à Copenhague sur la réduction des émissions, les failles sur les financements climat sont malheureusement ignorées.
Le rapport de la Commission souligne que la combinaison de faibles objectifs de réduction des émissions, associés aux échappatoires existant sur la comptabilisation des émissions agricoles et forestières ou l’utilisation des permis non utilisés suite à l’effondrement du bloc soviétique, ne permettra pas de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 2 degrés.
"La Commission européenne a mis le doigt sur une évidence pourtant largement ignorée : la réduction des émissions telle que proposée par les pays riches à la suite de l'Accord de Copenhague est loin de nous permettre de rester sous ce seuil critique" déclare Tim Gore d’Oxfam International.
"Les principaux pays en développement ont annoncé des mesures énergiques pour contrôler leurs émissions, mais sans davantage d’ambition de la part des pays développés sur la réduction des émissions, nous allons tout droit vers une augmentation des températures de quatre degrés. Si ce scénario se réalise, quatre milliards de personnes pourraient être confrontées à des pénuries d'eau d'ici à la fin du siècle."
Failles sur les financements climat
Oxfam regrette néanmoins que le rapport de la Commission passe sous silence les failles de l’Accord de Copenhague sur la question des financements, failles qui pourraient permettre aux pays riches de siphonner leurs budgets d'aide et de compter sur les flux instables issus du secteur privé pour répondre à leurs engagements sur le climat.
Oxfam a favorablement accueilli le soutien de la Commission à de nouveaux moyens de financements liés aux trafics aérien et maritime internationaux qui pourraient fournir de manière prédictible jusqu'à 30 milliards de dollars par an de financements véritablement nouveaux et additionnels. Toutefois, l’organisation rappelle que 200 milliards de dollars par an seront nécessaires pour financer l’adaptation et l’atténuation dans les pays pauvres.
"Ne se préoccuper que des émissions revient à ne faire que la moitié du travail. L'Union européenne doit inciter le reste du monde à prendre conscience de ces failles sur les financements climat et chercher à y remédier. La proposition d'un mécanisme reposant sur les trafics aérien et maritime internationaux est un signe positif indiquant qu’un peu d'argent frais serait mobilisé. Mais les pays pauvres ont besoin d’engagements leur garantissant que l'ensemble des financements climat de l’UE seront à 100% nouveaux et additionnels aux promesses déjà faites sur l'aide au développement" ajoute Tim Gore.
Vers un accord légalement contraignant
La commission a aussi réaffirmé son soutien à un accord légalement contraignant tout en reconnaissant que les conditions politiques actuelles signifiaient qu’un tel accord ne serait sans doute pas signé lors du Sommet sur le climat de Cancun à la fin de l’année, mais plutôt en Afrique du Sud en 2011.
"Il est essentiel que la Commission européenne continue de défendre la nécessité d’un accord légalement contraignant sur le climat mais fermer les yeux et croiser les doigts ne suffira pas à obtenir un tel accord. L’Europe a besoin d’une stratégie claire pour atteindre cet objectif. Elle devrait commencer par soutenir publiquement le besoin d’une deuxième période d’engagement du protocole de Kyoto, qui reste le meilleur point de départ pour un accord ambitieux, équitable et contraignant" conclut Tim Gore.
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