Selon un rapport de recherche publié aujourd’hui par un groupe de 62 ONG et de syndicats du secteur de la santé, des millions de personnes vivant dans les pays pauvres paient de leur vie la non-gratuité des services de santé publics. Le rapport " Your Money or Your Life" (en anglais/ "Votre Argent ou Votre Vie") indique que 500 000 femmes enceintes meurent chaque année faute d'accès aux soins médicaux. Les patients risquent également d’être malmenés (emprisonnement dans les cliniques, par exemple) lorsqu’ils ne peuvent pas payer les honoraires des médecins.
Des millions de personnes vivant dans la pauvreté devraient bénéficier d’une « main tendue » la semaine prochaine, lorsque les gouvernements auront l’occasion d’étendre la gratuité des services de santé dans les pays en développement. Les dirigeants du monde entier se réuniront le 23 septembre lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, pour un événement de haute importance consacré à la santé. À cette occasion, la gratuité des services de santé devrait être étendue au moins dans 7 pays : Burundi, Ghana, Libéria, Malawi, Mozambique, Népal et Sierra Leone.
Mais les principaux syndicats et ONG comme Action Aid, Médecins du Monde, Oxfam, Save the Children, Sidaction, Avocats pour la Santé dans le Monde France, et World Vision International sont inquiets car des annonces seules ne pourront pas suffir. Cette initiative doit être le début d’un engagement ferme consistant à fournir un soutien technique et financier, et devra s’étendre à tous les pays pauvres.
Barbara Stocking, directrice générale d’Oxfam a déclaré : « Combien de vies seront perdues inutilement en attendant que les dirigeants agissent ? Les populations pauvres n’ont tout simplement pas les moyens de payer les frais médicaux, et l’inaction des responsables continuera de bloquer l’accès à des soins vitaux pour des millions de personnes. »
Jasmine Whitbread, directrice générale de Save the Children a déclaré : « Si la gratuité des services de santé avait été instaurée en 2000 lorsque les dirigeants du monde entier promirent de réduire de deux tiers la mortalité juvénile, la vie de plus de deux millions d’enfants aurait pu être sauvée à ce jour. Les dirigeants ont le pouvoir et la responsabilité de rendre les soins médicaux gratuits pour les familles pauvres. Il est impardonnable de laisser davantage d’enfants mourir car ils n’ont pas les moyens financiers d’obtenir des soins. »
Pour les habitants de ces sept pays, cette initiative pourrait faire la différence entre la vie et la mort :
- Au Burundi, 88 % des gens vivent avec seulement 2 $ par jour. Les patients doivent payer pour recevoir des soins médicaux et en cas de non-paiement, il semblerait que ces derniers soient emprisonnés dans les cliniques.
- Au Ghana, l’espérance de vie moyenne est de seulement 58 ans. Dans les 3 régions du nord, 70 % de la population vit avec moins de 1 $ par jour.
- Au Libéria, 1 enfant sur 9 décède avant d’atteindre l’âge de 5 ans et moins de 20 % de la population rurale a accès à des centres médicaux..
- Au Malawi, 1 femme sur 100 meurt pendant sa grossesse ou à l’accouchement. La population totale de près de 14 millions ne dispose que de 266 médecins agréés.
- Au Mozambique, 1,3 million de personnes vivent avec le virus VIH et le SIDA, et 60 % des adultes séropositifs sont des femmes.
- Au Népal, un nouveau-né meurt toutes les 20 minutes et une femme meurt toutes les 4 heures suite à son accouchement.
- En Sierra Leone, l’espérance de vie est de seulement 34,3 ans. Ce pays connaît le taux de mortalité maternelle et infantile le plus élevé au monde, et seulement 7 % de la population rurale a accès à des installations sanitaires sûres.
Les progrès enregistrés dans le domaine de la santé ne sont absolument pas à la hauteur et la date limite de 2015 pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement approche à grands pas. Tous les ans, 4 millions de nouveau-nés meurent dans les 28 jours suivant leur naissance* et le nombre de femmes décédant pendant leur grossesse ou à l’accouchement est plus ou moins le même qu’en 1990*, malgré l’engagement des Objectifs Millénaires pour le Développent visant à réduire de 75 % le nombre de décès.
Les gouvernements ont besoin de nouveaux fonds pour accroître et développer les services, recruter et garder plus de médecins et de professionnels de la santé, et fournir plus d’installations et de médicaments à la fois accessibles et à la portée de tous.
Adrienne Germain, présidente de l’International Women’s Health Coalition a déclaré : « J’ai moi-même vu les effets que produisent l’imposition et la suppression du ticket modérateur sur les femmes, les enfants et les familles. Nous avons besoin de mettre en place de toute urgence les actions mûrement réfléchies réclamées dans le rapport "Your Money or Your Life"(en anglais). »
Brendan Barber, le secrétaire général de TUC a déclaré : « Partout dans le monde, les populations doivent avoir le droit à des services médicaux gratuits et d’être soignées par du personnel médical qualifié. La qualité des services de santé publics est également vitale pour la prospérité et la croissance économiques. »
Notes aux rédactions
* Rapport de l’Unicef sur « La situation des enfants dans le monde » en 2009.
* Selon le Rapport des Statistiques sanitaires de 2009, le taux de mortalité maternelle mondial s’élevant à 400 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes en 2005 n’a pratiquement pas changé depuis 1990. La majorité des décès maternels ont eu lieu en Afrique, où le taux de mortalité maternel est de 900 pour 100 000 naissances vivantes, sans amélioration mesurable entre 1990 et 2005.
* Rapport de l’Unicef sur « La situation des enfants dans le monde » en 2009.
* Selon le Rapport des Statistiques sanitaires de 2009, le taux de mortalité maternelle mondial s’élevant à 400 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes en 2005 n’a pratiquement pas changé depuis 1990. La majorité des décès maternels ont eu lieu en Afrique, où le taux de mortalité maternel est de 900 pour 100 000 naissances vivantes, sans amélioration mesurable entre 1990 et 2005.