La pression du public pousse les géants de l’agroalimentaire à améliorer leurs politiques dans les pays en développement

Publié: 26th février 2014

La mobilisation de centaines de milliers de personnes au cours des douze derniers mois a poussé les dix plus grandes entreprises mondiales du secteur agroalimentaire à améliorer leurs politiques sociales et environnementales, affirme l’organisation internationale de développement Oxfam.

D’après le premier bilan annuel du classement « La face cachée des marques » réalisé par Oxfam, plusieurs leaders du secteur ont fait de grands progrès dans l’amélioration de leurs politiques sur les droits fonciers, les droits des femmes et les émissions de CO2. Dans l’ensemble, les avancées des « dix géants » demeurent cependant trop lentes, freinées par quelques entreprises qui restent à la traîne et ne manifestent pas un intérêt ou une ambition suffisante.

Oxfam a lancé « La face cachée des marques » le 26 février 2013. Ce classement évalue les « dix géants » selon la qualité de leurs politiques dans une série de domaines : transparence, femmes et autres travailleurs, agriculteurs, terres, eau et climat.

Au cours de l’année écoulée, neuf entreprises nous ont entendus et ont amélioré leurs politiques. Seule General Mills, qui se retrouve à la dernière place du classement, n’en a rien fait. General Mills commercialise notamment les marques Cheerios, Géant vert, Haagen-Dazs, Old el Paso et Yoplait.

Nestlé, Unilever et Coca-Cola : les premiers de la classe

Les trois premiers du classement – Nestlé (1ère place), Unilever (2e) et Coca-Cola (3e) – affichent les améliorations les plus importantes, avec une progression de leurs scores respectifs de 10, 14 et 13 %. Associated British Foods (9e) et Kellogg (8e) enregistrent une nette progression de 8 et 6 % respectivement. Les entreprises classées en milieu de tableau – Danone et Mars (6e ex aequo), de même que Mondelēz et PepsiCo (4e ex aequo) – ont également progressé, mais dans une faible mesure ; elles doivent faire beaucoup mieux.

En 2013, la campagne publique « La face cachée des marques » s’est axée sur les droits fonciers et les droits des femmes, deux questions que les « dix géants » négligeaient en grande partie.

Femmes et accaparements de terres : la priorité

Au mois de mars, Oxfam a mené campagne pour que les géants du chocolat – Mars, Mondelēz et Nestlé – améliorent leurs politiques dans la lutte contre les inégalités dont souffrent les femmes productrices de cacao, ce que les trois entreprises ont fait. En octobre, nous avons attiré l’attention sur la nécessité que Coca-Cola, PepsiCo et ABF renforcent leurs politiques pour mettre fin aux accaparements de terres dans le cadre de leurs chaînes d’approvisionnement. Coca-Cola, en particulier, a agi rapidement et a considérablement amélioré ses politiques. ABF s’est également engagée à mettre en place de nouvelles politiques pour s’attaquer à ces questions. Quant à PepsiCo, nous poursuivons le dialogue avec l’entreprise afin d’obtenir une promesse analogue de meilleure protection des droits fonciers dans ses chaînes d’approvisionnement.

« La plupart des "dix géants" vont dans la bonne direction car des centaines de milliers de personnes qui consomment leurs produits, et d’actionnaires qui représentent un capital de milliards de dollars, exigent une refonte complète des pratiques en cours, explique Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International. Certaines entreprises ont eu le courage de montrer la voie, mais il semble que d’autres freinent des quatre fers. Cela va prendre du temps de renverser une tradition centenaire qui a permis aux entreprises de tirer parti d’une main-d’œuvre et de terres bon marché pour réaliser des bénéfices colossaux et fabriquer des produits de grande consommation à un coût social et environnemental élevé. La course à l’excellence est lancée et il y a clairement des bons élèves et des cancres. »

Six des « dix géants » ont instauré de nouvelles politiques qui adoptent le principe du consentement libre, préalable et éclairé, lequel permet de garantir la consultation des communautés locales et l’obligation que celles-ci donnent leur consentement avant que les terres qu’elles occupent ou exploitent puissent être vendues. Sept reconnaissent à présent les principes d’autonomisation des femmes énoncés par l’ONU, un engagement de haut niveau en faveur de l’amélioration des conditions de vie des femmes touchées par les activités de l’entreprise qui y souscrit. Les trois premiers fabricants mondiaux de chocolat – Nestlé, Mondelēz et Mars – dévoileront en mai 2014 un plan d’action détaillé pour lutter contre les inégalités entre hommes et femmes dans leurs chaînes d’approvisionnement. Huit entreprises ont en outre amélioré leurs politiques en matière climatique, principalement par une communication plus ouverte de leurs émissions et des risques liés au changement climatique. Ces changements de leurs politiques sont un premier pas nécessaire vers l’amélioration des pratiques et la réduction de la faim, de la pauvreté et des atteintes à l’environnement dont souffrent les communautés faisant partie des chaînes d’approvisionnement du secteur agroalimentaire.

« En améliorant leurs politiques foncières, quelques-unes des plus puissantes entreprises mondiales ont déjà aidé des communautés dans leurs démarches pour obtenir une juste compensation des terres dont on les a privées, il y a près de dix ans, dans des pays comme le Cambodge et le Brésil, se félicite Winnie Byanyima. Les entreprises peuvent ménager la place nécessaire aux communautés pour régler une bonne fois pour toutes des conflits qui durent depuis plusieurs dizaines d’années. »

Le principal enseignement à tirer de cette première année de la campagne « La face cachée des marques » est que les entreprises donnent suite rapidement et efficacement lorsque les personnes qui consomment leurs produits réclament des méthodes de production plus responsables. En aval des chaînes d’approvisionnement, nous pouvons déjà constater que les producteurs agricoles et les négociants commencent à améliorer leurs pratiques afin de conserver la clientèle des « dix géants ». Il faut qu’un plus grand nombre de consommatrices et consommateurs se fassent entendre. »

La course à l’excellence est lancée et il y a clairement des bons élèves et des cancres.
Winnie Byanyima
Directrice générale d’Oxfam International

Notes aux rédactions

Touts les résultats de l'évaluation sont disponibles

Classement février 2014

Fiche d'évaluation des entreprises agroalimentaires

Classement février 2013

Fiche d'évaluation des entreprises agroalimentaires

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