Survivre, un combat de tous les jours au Yémen

Asiha, 9 ans, va ramasser du bois tous les jours. Lorsqu’il n’y en a pas, sa famille fait du feu avec des bouteilles en plastique pour cuisiner. « Je ne peux pas manger à cause de l’odeur et du goût de plastique que prennent les aliments », confie-t-elle.

L’escalade du conflit au Yémen, en mars 2015, a provoqué une crise humanitaire sans précédent. 22 millions de personnes, soit plus de 75 % de la population du pays, ont besoin d’aide. C’est plus que dans aucun autre pays du monde.

17,8 millions de personnes, soit plus de 60% de la population, ne peuvent pas manger à leur faim. Plus de 8 millions d’entre elles sont au bord de la famine. Environ 16 millions de Yéménites n’ont pas accès à une source d’eau potable, un problème qui touche plus particulièrement les zones rurales.

L’économie est anéantie, le prix des denrées alimentaires ne cesse d’augmenter, et les services essentiels comme la santé et l’éducation s’effondrent. Nombreux sont celles et ceux qui ont perdu leur travail et n’ont plus les moyens d’acheter des biens de première nécessité.

Leur survie est un combat de tous les jours.
 

Murad Hreib a dû partir se réfugier à Khamer lorsque le conflit s’est intensifié, il y a deux ans.

Murad Hreib, 22 ans, a deux enfants. Avant la guerre, il vivait et travaillait dans une boutique du centre de Saada. Lorsque le conflit s’est intensifié, il y a deux ans, il a dû partir se réfugier à Khamer.

« Au début de la guerre, une attaque aérienne a ciblé le complexe militaire qui se trouvait près de notre quartier. J’étais dans la boutique à ce moment-là. Ma femme et mes enfants ont eu très peur ! Aujourd’hui encore, quand ils entendent un avion, ils se mettent à crier, pensant qu’il va les prendre pour cible », explique Murad.

Il travaille à présent comme chauffeur de mototaxi et gagne environ 800 à 1 000 riyals (3 à 4 dollars) par jour. Le loyer de la petite maison qu’il habite avec sa famille s’élève à 10 000 riyals (40 dollars) et, faute d’un accès direct à l’eau, il doit également dépenser 5 000 riyals (20 dollars) par mois en eau.

« Je roule tous les jours et je reviens à la maison épuisé. Sans source régulière de revenu, loin de chez moi, de mes amis et de mes souvenirs, j’essaie juste de survivre », raconte-t-il.

Il a reçu des bons alimentaires et des transferts monétaires d’Oxfam. Cela lui a permis d’acheter de la nourriture pour les enfants, mais les prix continuent d’augmenter et il peut à peine s’acheter le strict nécessaire.
 

Ahmed est cordonnier au marché. Les bons jours, il parvient à gagner 500 riyals (2 dollars).

Ahmed Moqbeel, 45 ans, et sa femme Dolah Najee, 40 ans, habitent la ville de Khamer, dans le gouvernorat d’Amran, avec leurs huit enfants. Ahmed est cordonnier au marché. Les bons jours, il parvient à gagner 500 riyals (2 dollars), mais il rentre souvent les mains vides.

« Notre vie a toujours été difficile, mais c’est encore pire depuis la guerre. La nourriture est devenue plus chère à cause de la pénurie de carburant. Au marché, on voit que beaucoup ont du mal à nourrir leurs enfants », explique Dolah.

« Chaque mois, nous dépensons plus de 11 000 riyals (44 dollars) en farine, et nous devons nous contenter de pain et de thé. » Il arrive à Dolah d’aller mendier du pain ou de l’argent au marché ou dans le quartier. « Je ne supporte pas que mes enfants aient faim. Je me sens impuissante », dit-elle.

Oxfam a aidé la famille par des bons alimentaires et des transferts monétaires, ce qui lui a permis d’acheter de la nourriture sans s’endetter.
 

Aisha ne peut pas aller à l’école, car sa famille est pauvre et a besoin d’elle pour faire la lessive et aller puiser l’eau.

Aisha, 10 ans, porte un bac en plastique contenant les vêtements qu’elle vient de laver dans le cours d’eau et tient à la main un autre bidon d’eau potable. Elle habite le village de Bani Shaibah, dans le gouvernorat de Taïz. Son père est sans emploi et sa mère travaille pour une famille riche du village pour gagner de quoi acheter à manger.

Aisha ne peut pas aller à l’école, car sa famille est pauvre et a besoin d’elle pour faire la lessive et aller puiser l’eau, à une demi-heure de marche.

Sa famille appartient à une communauté marginalisée qui fait l’objet de discrimination raciale au Yémen. Sans source de revenu, ils survivent en mendiant et grâce à l’aide humanitaire. Les enfants ne peuvent pas aller à l’école, car les parents n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarité ni les fournitures. La famille reçoit d’Oxfam une aide pour se nourrir, ainsi que des nécessaires d’hygiène.
 

Kadafish fait partie des 45 000 habitants du district d’Abs qui ont reçu d’Oxfam 24 500 riyals (environ 100 dollars) en espèces pour pouvoir acheter de la nourriture.

Kadafish Omar, 62 ans, est veuve. Elle vivait à Saada, près de la frontière saoudienne, avec ses six filles. Déplacée une première fois en 2008, elle est allée au camp d’Al-Mazraq, dans le district d’Haradh, où elle est restée six ans. Quand la coalition dirigée par l’Arabie saoudite a bombardé le camp en 2014, elle a dû se réfugier dans un autre camp, dans le gouvernorat de Hajjah.

« Je souffre d’hypertension, mais je n’ai pas les moyens d’aller voir le médecin. Je me nourris de pain et de thé et mal manger aggrave mon état de santé. Mes filles ont peur des attaques aériennes. Elles ne sont plus allées à l’école depuis que nous sommes déplacées. »

Kadafish fait partie des 45 000 habitants du district d’Abs qui ont reçu d’Oxfam 24 500 riyals (environ 100 dollars) en espèces pour pouvoir acheter de la nourriture. « Cela fait huit ans que nous avons du mal à nous nourrir. Mes filles et moi essayons de faire durer les provisions aussi longtemps que possible, jusqu’à ce qu’une organisation nous donne un colis de vivres. Mais parfois, cela n’arrive qu’une fois tous les trois mois. »

Photos : Moayed Al-Shaibani y Abdulnasser Alhaj/Oxfam

Soutenez notre action au Yémen

Depuis juillet 2015, Oxfam a fourni de l’eau potable et des services d’assainissement, apporté une aide financière et distribué des bons alimentaires à plus de 2,8 millions de personnes au Yémen.

Nous devons aider davantage de personnes dans les plus brefs délais et, sans vous, nous n’y parviendrons pas.

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« Nous vivions dans un endroit paisible et nous mangions ce que nous semions. Nous ne nous intéressons pas à la politique, nous ne sommes pas des guerriers. Tout ce qui nous importe, c’est de vivre paisiblement. Mais maintenant, nous ne pouvons pas nourrir notre famille ni vivre en paix. »
Ahmed Shwaa, 59 ans, un agriculteur déplacé par la guerre