Aucun pays ne devrait avoir à choisir entre rembourser sa dette et sauver des vies

Head nurse Sibongile, 29, assists Viola, 22 with her birth

De nombreux pays sont accablés par des dettes écrasantes qu’ils doivent à des pays plus riches, des banques privées et des institutions multilatérales. Cette dette les empêche de libérer des ressources pour financer leurs services de santé et mettre en œuvre des mesures de prévention et d’intervention publiques. Photo: Aurelie Marrier D'Unienville/Oxfam

Au cours des derniers mois, nous avons vu certains des pays les plus riches du monde lutter contre les effets de la pandémie ainsi que la crise sanitaire et économique qu’elle a entraînée dans son sillage. Pourtant, ces pays ont les ressources nécessaires pour amortir le choc, tandis que les pays pauvres n’ont que peu de moyens pour faire face à cette menace colossale.

La pandémie a submergé certains des meilleurs systèmes de santé au monde, mais la crise pourrait s’aggraver à mesure que le virus s’installe dans des pays où les gens manquent déjà cruellement de soins de santé adéquats ou abordables :

  • La République centrafricaine ne dispose que de 3 respirateurs pour l’ensemble du pays.
  • La Tanzanie compte 1 médecin pour 71 000 habitants.
  • Le Kenya ne dispose que de 130 lits dans les unités de soins intensifs pour une population de près de 50 millions de personnes.

Nous savons que les pays qui ont un système de soins de santé universel et public seront les mieux placés pour surmonter cette crise. Or, il y a un manque criant de services dans la plupart des pays de monde, et les systèmes de santé demeurent profondément inéquitables. Seules les personnes qui ont de l’argent peuvent se faire soigner.

Ce qui nous amène à la question de la dette.

Un choix impossible : rembourser la dette ou investir dans la santé

De nombreux pays sont accablés par des dettes écrasantes qu’ils doivent à des pays plus riches, des banques privées et des institutions multilatérales, dont le FMI et la Banque mondiale.

Les pays en développement ont accumulé une dette publique extérieure faramineuse. En 2018, elle atteignait 457 milliards de dollars pour 73 pays. En 2020 seulement, les 76 pays les plus pauvres devraient rembourser 40,6 milliards de dollars. Cette dette empêche les gouvernements de libérer des ressources pour mettre en œuvre des mesures de prévention et d’intervention publiques.

Chaque dollar consacré au remboursement de la dette est un dollar qui ne peut pas être utilisé pour protéger les populations contre la maladie, la faim et la misère. L’année dernière, 64 des pays les plus pauvres ont dépensé plus pour rembourser leurs dettes envers des pays riches et des institutions financières que pour des soins de santé.

Annuler la dette : le moyen le plus rapide d'aider les pays pauvres à affronter cette crise

Les systèmes de santé de certains des pays les plus pauvres ont besoin d’une injection immédiate de liquidités pour les aider à faire face à cette crise. L’allégement de la dette est le moyen le plus rapide d’acheminer l’argent là où les besoins sont les plus criants. Cela permettrait de libérer 40 milliards de dollars rien que cette année, afin d’aider ces pays à lutter contre le coronavirus et ses effets économiques dévastateurs.

En avril 2020, le G20 a convenu d’une suspension temporaire du paiement de la dette de 73 pays. C’est un premier pas dans la bonne direction, mais il est largement insuffisant. Cet accord n’a pas abordé la question des dettes massives envers les créanciers privés comme les banques et les fonds spéculatifs, ou envers certains des plus grands prêteurs multilatéraux comme la Banque mondiale – auxquels de nombreux pays en développement doivent des sommes énormes.

Ensemble, nous pouvons nous protéger du coronavirus et bâtir un avenir équitable pour tou-te-s

Il s’agit de la plus grande urgence de santé publique mondiale que l’humanité ait jamais connue. Si nous n’agissons pas, le coronavirus pourrait coûter la vie à jusqu’à 40 millions de personnes et précipiter un demi-milliard de personnes supplémentaires dans la pauvreté. La pandémie s’est propagée à une vitesse telle que la plupart des pays ne peuvent pas y faire face par leurs propres moyens. Nous avons plus que jamais besoin d’une action mondiale pour lutter contre le coronavirus.

Au cours des derniers mois, les demandes d’annulation de la dette des pays les plus pauvres n’ont cessé de croître. Elles proviennent tant de dirigeants de l’Union africaine que des plus de 800 000 personnes qui ont signé des pétitions afin d’exiger l’allègement immédiat de la dette, notamment la lettre d’Oxfam au nom de professionnel-le-s de la santé du monde entier


Rejoignez-nous, ainsi que des milliers d’autres militant-e-s du monde entier, pour demander aux dirigeants du G20 d’#AnnulerLaDette et d’aider à lutter contre la pandémie de COVID-19 dans les pays les plus pauvres du monde.