La situation alimentaire en Somalie demeure critique et risque de s'aggraver au cours des prochains mois

Publié: 8th octobre 2012

Selon une nouvelle enquête d'Oxfam dans 40 régions de la Somalie, le manque d'eau et de nourriture a atteint un niveau critique et la situation risque de se détériorer davantage dans certaines parties du pays au cours des prochains mois, et prolonger ainsi la crise alimentaire jusqu'à l'an prochain.

S’il est vrai que les résultats de l'enquête révèlent qu'un retour à la famine est peu probable, la situation dans le sud de la Somalie, notamment dans les régions du Gedo, du Bas Juba et du Bakool, n’en demeure pas moins critique, à en croire les statistiques de malnutritions alarmantes. À cause des mauvaises récoltes, de la baisse des revenus et du coût élevé de l'alimentation, de nombreux ménages sont contraints à une dépendance croissante vis-à-vis de l'aide, ce qui les rend plus vulnérables à la menace grandissante de maladies pourtant évitables.

Une phase critique pour la Somalie

Oxfam exhorte la communauté humanitaire à continuer de soutenir la Somalie en ce moment que l’organisation qualifie de « critique ». Avec les autres situations d'urgence déclarées dans les quatre coins du globe, il craint que la communauté internationale ne tourne ses regards vers d'autres pays et la met en garde en expliquant que si l'aide n'est pas maintenue, beaucoup d'autres somaliens risquent de replonger dans la crise.

Oxfam a mené son enquête auprès de plus de 1 800 ménages et organisé 240 groupes de discussion dans 40 régions du pays entre juillet et août 2012 pour comprendre l'impact de la faible pluviosité observée durant la saison des pluies Gu d'avril à juin.

Sur le fil du rasoir

En raison de la faible pluviosité, combinée à la perte de bétail et de revenus résultant de la sécheresse de l'an dernier, près de trois quarts des personnes interrogées craignent de ne pas avoir assez de nourriture pour les quatre prochains mois. L'étude a par ailleurs révélé que, dans l'ensemble, les revenus ont été de deux tiers plus bas que pendant les saisons Gu normales, ce qui a accentué la dépendance des ménages à l'égard de l'aide.
Selon l'enquête, les somaliens recourent à un certain nombre de stratégies pour faire face à la situation, en diminuant par exemple leurs rations alimentaires ou en échangeant des bovins contre des chèvres.

Senait Gebregziabher, directeur d'Oxfam en Somalie, a déclaré : « Heureusement, il est peu probable que la Somalie ne retombe dans la famine dans un futur proche et la vie à Mogadiscio commence à s'améliorer. Cependant, il est clair que la plupart des somaliens les plus pauvres vivent toujours sur le fil du rasoir. La communauté internationale ne doit pas laisser s'installer un faux sentiment de sécurité en se basant sur les premiers signes de sortie de crise dans la capitale. Nous devons agir sans tarder dans tout le pays pour éviter que la crise ne s'aggrave. »

Près de la moitié des personnes interrogées (42 %) sautaient régulièrement des repas, tandis qu'un cinquième d'entre elles ont affirmé avoir réduit leurs rations pour pouvoir partager leurs vivres insuffisantes avec leurs enfants. Oxfam s'inquiète par ailleurs du taux de mortalité disproportionnellement élevé chez les femmes enceintes.

La situation s'est révélée particulièrement inquiétante dans les régions du Gedo, du Bas Juba et du Bakool, où les populations sont toujours confrontées à la crise. Les familles les plus vulnérables n'ont pas été en mesure de cultiver assez de vivres ou de reconstituer suffisamment leur bétail après la crise de l'an dernier.

Une conjonction tragique de facteurs

Senait Gebregziabher précise : « Avec une 'conjonction parfaite' de circonstances tragiques, faible pluviosité de la dernière saison, mauvaises récoltes, perte du bétail et insécurité, les personnes qui arrivaient à peine à faire face à la crise l'an dernier dépendent désormais grandement de l'aide. Dans plusieurs régions, les ménages n'ont pas suffisamment de nourriture ni d'eau potable. Plusieurs ont dit survivre avec 50 centimes par jour. À présent, la météo prévoit des inondations dans le sud et le centre de la Somalie, lesquelles menacent de détruire le peu de ressources qu'il leur reste. »

Dans les zones rurales, certaines femmes affirment avoir dû parcourir, au péril de leur vie, jusqu'à 18 kilomètres (aller-retour) à pieds pour collecter la ration en eau journalière de leurs familles. Les budgets des ménages sont également affectés dans certaines régions où des familles sont contraintes de dépenser une part plus importante de leur revenu pour l'approvisionnement par camions-citernes.

Les signes de maladies d'origine hydrique se font de plus en plus ressentir et 32 personnes auraient perdu la vie lors d'une possible épidémie de choléra. On craint que l'absence de moyens de traitement de l'eau et de sources d'eau potable ne fasse grimper rapidement ces chiffres.

Oxfam intensifie ses opérations

De surcroît, Belet Weyne, dans la province du Hiran, est déjà frappée par des inondations, lesquelles devraient se multiplier dans mois à venir. Les partenaires d'Oxfam s'emploient déjà à intensifier leur action mais les inondations vont rendre encore plus difficile l'accès à l'eau propre, avec un risque de contamination plus grand autour des points d'eau surpeuplés.

Selon Oxfam, un soutient à long terme et une volonté ferme de régler les problèmes systémiques qui transforment les sécheresses récurrentes en situations d'urgence humanitaire sont essentiels. S'il est vrai que la situation sécuritaire dans la plupart des régions de la Somalie est encore incertaine et que la résolution de ce long conflit est essentielle, il est également indispensable d'investir dans l'amélioration de la gestion de l'eau, la réhabilitation des routes et le renforcement de la planification agricole.

En savoir plus 

Télécharger le rapport : Somalia Food and Livelihoods Alert (8 octobre 2012) - disponible uniquement en anglais

Le travail d'Oxfam en Somalie 

Crise alimentaire en Afrique de l'Est

Les personnes qui arrivaient à peine à faire face à la crise l'an dernier dépendent désormais grandement de l'aide. Dans plusieurs régions, les ménages n'ont pas suffisamment de nourriture ni d'eau potable.
Senait Gebregziabher
Directeur d'Oxfam en Somalie

Notes aux rédactions

L'enquête, menée dans le centre et le sud de la Somalie et à Puntland, s'est appuyée sur différentes activités : 

  • Des entretiens auprès de 1 802 ménages
  • Une série de 240 groupes de discussions organisés au sein des communautés pour échanger sur les différentes problématiques et combler les lacunes identifiées pendant les entretiens auprès des ménages
  • Des observations directes par l'équipe d'évaluation.

Contact

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Geno Teofilo, Oxfam en Somalie, Responsable médias : +254 737 500 035
Alun McDonald, Chargé des médias et de la communication, Oxfam : +254 736 666 663