Le sommet de l’Union africaine doit prendre des mesures urgentes pour combattre les crises alimentaires croissantes.
L’agence internationale, Oxfam, a déclaré lors de la parution d’un nouveau rapport aujourd’hui que l’Union africaine (UA) doit prendre des mesures urgentes et radicales pour réformer sa politique agricole. L’accroissement des crises alimentaires et de la faim, liées à la crise économique mondiale et le changement climatique nécessite d’investir plus et plus judicieusement dans l’agriculture en direction des petits exploitants agricoles.
Ce rapport publié à la veille du Sommet et intitulé “Investir sur les agriculteurs pauvres: repenser la politique d’investissements dans le secteur agricole » rappelle que le sous-investissement et les politiques agricoles inadaptées prises par les gouvernements africains et les bailleurs de fonds internationaux ont contribué à exacerber la pauvreté chronique et la faim chez des dizaines de millions d’Africains. 60% de la population africaine vit en zone rurale, pendant que les pauvres en zone urbaine font face à des crises alimentaires et à une malnutrition de plus en plus aiguë.
Oxfam a salué la décision prise par l’UA d’inscrire le thème de l’agriculture dans l’agenda de ce Sommet. Oxfam souligne qu’il est nécessaire que les collectivités locales soient mieux impliquées dans l’élaboration des politiques qui affectent leur quotidien si l’on veut insuffler un véritable changement.
Lamine Ndiaye, chef du programme Panafricain pour la Justice Economique à Oxfam a affirmé qu’ « un africain sur trois est affecté par les crises alimentaires. Investir dans l’agriculture apparaît comme une solution à long terme aux crises alimentaire, financières et climatique. La faillite économique actuelle bouleverse la façon dont les gens souffrent de la faim – la nourriture est disponible mais coûte trop cher pour des millions de personnes. Les leaders de l’Union africaine doivent s’engager à investir davantage en direction des petits exploitants agricoles africains dans le but de rompre la dépendance actuelle vis-à-vis du marché international. »
Oxfam exhorte les gouvernements africains à respecter les engagements pris lors de Sommet de Maputo en 2003 et qui consistent à allouer un minimum de 10% de leurs budgets nationaux au secteur agricole et plus encore pour le développement rural. Seul sept pays ont pu atteindre ce modeste objectif. La plupart des gouvernements africains ne consacrent en moyenne que 4.5% de leurs budgets nationaux à ce secteur. Pourtant, un rapport fournit par Oxfam révèle que les investissements dans le secteur agricole sont rentables en ce sens qu’ils contribuent à réduire la pauvreté et la dépendance et à stimuler les marchés locaux.
Les bailleurs de fonds internationaux ont également faillit au respect de leurs engagements envers les producteurs africains. A peine plus de 1 milliard de dollars ont été décaissé, sur les 12 milliards de dollars promis en 2008 pour aider les pays pauvres à faire face à la crise alimentaire mondiale. Les politiques agricoles inadaptées des bailleurs, notamment la libéralisation forcée des marchés locaux et le soutien aux projets agricoles à grande échelle au détriment des petits exploitants agricoles, ont également sapé les fondements de l’agriculture africaine. Ainsi, alors que les dépenses dans le secteur agricole au niveau des pays pauvres ont diminué au cours des vingt dernières années, les Etats-Unis et l’Union Européenne ont dépensé respectivement 41 milliards et 130 milliards de dollars dans leurs marchés agricoles nationaux en 2007.
Selon Lamine Ndiaye, “ce Sommet doit marquer le début d’une nouvelle ère pour les paysans africains. Les petits exploitants agricoles, qui constituent le plus grand contributeur au PNB de beaucoup de pays et qui sont une partie intégrante du développement, jouent un rôle de cheville ouvrière dans la plupart des économies africaines. Cependant, depuis des décennies, nos propres gouvernements et la communauté internationale ont, à plusieurs reprises, négligé et sous investi dans l’agriculture et le développement rural. Beaucoup de paysans travaillent dans des conditions très difficiles, habitent dans des zones très éloignées et sont confrontés au manque d’accès aux marchés et à des services de base tels que l’eau, la terre, les soins de santé et l’éducation“.
Le rapport d’Oxfam stipule que les investissements additionnels doivent être également effectués de façon plus judicieuse. Le changement climatique, avec ses conséquences telles que la désertification et la sécheresse qui dévaste beaucoup de zones rurales, constitue un des défis majeurs à long terme pour l’Afrique. Les paysans exploitent les terres les plus dégradées et les plus fragiles, d’où la nécessité d’investir efficacement dans ce secteur dans le but de promouvoir un soutien environnemental. Les zones marginalisées et appauvries ont également besoin de soutien spécifique.
“Investir dans le secteur agricole doit aller de pair avec la solution aux problèmes de marginalisation qui affectent des pans entiers de la société africaine. On a besoin de politiques de développement rural dans les zones qui ne disposent pas d’écoles ou de structures de soins de santé, comme chez les communautés d’éleveurs. Les femmes jouent un rôle déterminant dans l’économie agricole mais ne parviennent pas à satisfaire leur immense potentiel en raison des faibles taux d’alphabétisation, de nutrition et de droits civils ainsi que l’impact du VIH/SIDA. A cet effet, assurer des droits fonciers aux femmes et les responsabiliser davantage constitueraient un énorme pas en avant » selon Lamine Ndiaye.
Notes aux rédactions
Les crises alimentaires en zone urbaine constituent une préoccupation croissante dans beaucoup de pays africains. Une récente étude menée par Oxfam et d’autres ONGs sur l’augmentation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition en zone urbaine au Kenya est disponible.
Les sept pays Africains qui sont en bonne voie pour atteindre l’‘objectif de Maputo’ et consacrer 10% de leur budgets nationaux aux investissements dans le secteur agricole sont : l’Ethiopie, Madagascar, le Malawi, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Zimbabwe. Cependant, le volume des investissements n’est pas toujours en harmonie avec la qualité des politiques agricoles ou la participation des paysans et des groupes marginalisés.
Les investissements publics ont diminué de 75% durant la fin des années 80 et 90 et sont demeurés faibles depuis lors avec une moyenne de 4 milliards de dollars par an. A l’opposé, les dépenses nationales dans le secteur agricole effectuées par l’Union européenne et les Etats-Unis sont restées respectivement à 130 milliards et 41 milliards de dollars en 2007.
Les crises alimentaires en zone urbaine constituent une préoccupation croissante dans beaucoup de pays africains. Une récente étude menée par Oxfam et d’autres ONGs sur l’augmentation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition en zone urbaine au Kenya est disponible.
Les sept pays Africains qui sont en bonne voie pour atteindre l’‘objectif de Maputo’ et consacrer 10% de leur budgets nationaux aux investissements dans le secteur agricole sont : l’Ethiopie, Madagascar, le Malawi, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Zimbabwe. Cependant, le volume des investissements n’est pas toujours en harmonie avec la qualité des politiques agricoles ou la participation des paysans et des groupes marginalisés.
Les investissements publics ont diminué de 75% durant la fin des années 80 et 90 et sont demeurés faibles depuis lors avec une moyenne de 4 milliards de dollars par an. A l’opposé, les dépenses nationales dans le secteur agricole effectuées par l’Union européenne et les Etats-Unis sont restées respectivement à 130 milliards et 41 milliards de dollars en 2007.