Les habitants des provinces de l’est se sentent abandonnés, isolés et vulnérables
Kinshasa - La majorité de la population vivant dans les zones où sévit l’armée de résistance du seigneur (LRA) en République démocratique du Congo (RDC) se sent moins en sécurité en 2011 qu’en 2010, selon une étude menée par Oxfam dans les régions concernées.
S’il s’agit du cinquième rapport annuel conduit par l’ONG sur la protection dans l’est du Congo depuis 2007, c’est aussi la première fois qu’une enquête aussi approfondie est menée dans les zones où sévit la LRA.
Dans la région du Haut Uélé, dans la Province Orientale à la frontière du Sud Soudan, 62 % des personnes interrogées se sentent moins en sécurité, 28 % ont le sentiment que la menace reste la même quand seulement 10 % estiment que leur sécurité s’est améliorée.
Les communautés interrogées ont fait le sombre portrait d’un cycle de pauvreté et de violence continue. La plupart d’entre elles se sentent totalement abandonnées et ont le sentiment que ni les forces de sécurité de l’ONU ni leur gouvernement ne se préoccupent de leur sécurité. Dans sept des neuf communautés étudiées, les individus questionnés sont d’avis que les casques bleus de l’ONU ne sont pas suffisamment présents dans les zones les plus prioritaires, à savoir les champs et les routes menant vers les marchés.
"Notre avenir est bien sombre. Nous sommes en permanence terrorisés. La LRA nous massacre et pille sans relâche nos habitations. Nous abritons une famille depuis une semaine, après qu’elle a fui Doruma, où la LRA a procédé à des enlèvements jours et nuit. Nous ne sommes pas en sécurité ici", explique un habitant du Haut-Uélé.
Afin d’être mieux protégées de ces attaques brutales, les personnes interrogées demandent davantage d’interaction avec les communautés de la part des forces de sécurité de l’ONU postées dans la région. Elles demandent également à ce que des salaires réguliers et davantage de rations alimentaires soient distribués aux Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC).
Les personnes interrogées ont confié à Oxfam leurs souhaits que les soldats soient mieux équipés pour combattre plus efficacement la LRA. Elles ont également demandé à ce que les salaires soient versés régulièrement, de manière à ce que la population locale, très appauvrie, ne porte plus le fardeau économique de la situation par le biais de taxes illégales. Sur un tronçon de 100 kilomètres de route dans le Haut-Uélé, on a signalé 25 barrages routiers tenus par la FARDC, chacun coûtant un minimum de 200 francs congolais (0,22 dollar) à traverser. La majorité des Congolais vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.
Pauline Ballaman, la directrice d’Oxfam en RDC : “Oxfam s'inquiète de ce que des petits groupes de soldats de la LRA affamés continuent de s'en prendre aux familles les plus isolées du nord-est de la RDC. En dépit des dernières opérations militaires et de l'intérêt accru de la communauté internationale, la LRA continue de faire des ravages dans ces communautés oubliées de tous en étant responsable de massacres, enlèvements et déplacements de populations.”
L'enquête d'Oxfam a eu lieu pendant une période qui précédait un mois record en nombres enregistrés d'attaques de soldats de la LRA. En juin seulement, 53 attaques ont été signalées, impliquant 26 morts et 23 enlèvements, dont 10 enfants. Au cours des six premiers mois de l'année 2011,158 attaques au total ont été enregistrées, soit une augmentation de 53 % par rapport à l'année précédente.
Protéger les civils relève de la responsabilité première du gouvernement congolais, mais la récente vague d'attaques de la LRA démontre qu'il existe de vrais vides sécuritaires, laissant des gens dans une grande vulnérabilité. Renforcer les services de sécurité congolais est clairement la solution à long terme mais dans l'immédiat, la Monusco doit monter au créneau. À l'heure actuelle, seulement 5 % de la force totale de la Monusco est déployée dans les zones de la LRA, tandis que 20 % des déplacements de population en RDC sont dus à la LRA. Ces données doivent absolument changer dès que possible", souligne encore Pauline Ballaman.
Sur la base des conclusions de l'enquête, Oxfam fait les recommandations suivantes :
- Dans le cadre de la réforme de l'armée voulue par le gouvernement congolais, la priorité doit être donnée tant au niveau national qu'international aux points identifiés par les communautés comme susceptibles d'améliorer leur sécurité, en particulier le paiement des salaires.
- Les donateurs internationaux doivent soutenir les projets d'infrastructure, notamment ceux impliquant l'expansion de la couverture de téléphonie mobile et la construction de routes dans les zones où sévit la LRA. De cette façon, les communautés concernées seront moins vulnérables.
- Le déploiement des Casques bleus de l'ONU dans les zones de la LRA doit être réévalué et considérablement augmenté. La Monusco doit communiquer encore davantage avec la population locale sur tout ce qui touche à protection dont elle a besoin.
Notes aux rédactions
Une note d'information sur les résultats de cette enquête est disponible : "Nous sommes pleinement exploitables" : le manque de protection des civils à l'est de la République démocratique du Congo
Depuis septembre 2008, la LRA a tué plus de 2 300 personnes, enlevé plus de 3 000 et déplacé plus de 400 000 autres en RDC, au Sud Soudan et en République centrafricaine. Dans la seule République démocratique du Congo, 45 000 civils ont fui la LRA dans les 6 premiers mois de l'année 2011.
Oxfam et 15 ONG partenaires locales ont interrogé 1 705 personnes de 45 communautés dans la Province Orientale, le Nord et Sud Kivu, en avril et mai 2011 sur leur sécurité et protection dans un contexte de forte présence d'acteurs armés de tous bords. Il s'agit de la cinquième enquête annuelle d’Oxfam sur la protection à l'est du Congo depuis 2007. Cette étude s'est concentrée spécifiquement sur les zones touchées par la présence d’acteurs étatiques et non-étatiques, nationaux ou étrangers.
Les forces de maintien de la paix de l'ONU envoyées en RDC (Monusco) représentent le second contingent de casques bleus au monde, avec plus de 17 000 soldats dans tout le pays. On estime cependant que moins de 1 000 Casques bleus sont déployés dans les zones touchées par la LRA, malgré les attaques incessantes sur les civils au cours des deux dernières années.
Photos disponibles : http://wordsandpictures.oxfam.org.uk/?c=9550&k=ed9a41df1f
Contact
Mathilde Magnier : +33 1 77 35 76 00 / +33 6 43 85 82 97 / mmagnier@oxfamfrance.org
Une note d'information sur les résultats de cette enquête est disponible : "Nous sommes pleinement exploitables" : le manque de protection des civils à l'est de la République démocratique du Congo
Depuis septembre 2008, la LRA a tué plus de 2 300 personnes, enlevé plus de 3 000 et déplacé plus de 400 000 autres en RDC, au Sud Soudan et en République centrafricaine. Dans la seule République démocratique du Congo, 45 000 civils ont fui la LRA dans les 6 premiers mois de l'année 2011.
Oxfam et 15 ONG partenaires locales ont interrogé 1 705 personnes de 45 communautés dans la Province Orientale, le Nord et Sud Kivu, en avril et mai 2011 sur leur sécurité et protection dans un contexte de forte présence d'acteurs armés de tous bords. Il s'agit de la cinquième enquête annuelle d’Oxfam sur la protection à l'est du Congo depuis 2007. Cette étude s'est concentrée spécifiquement sur les zones touchées par la présence d’acteurs étatiques et non-étatiques, nationaux ou étrangers.
Les forces de maintien de la paix de l'ONU envoyées en RDC (Monusco) représentent le second contingent de casques bleus au monde, avec plus de 17 000 soldats dans tout le pays. On estime cependant que moins de 1 000 Casques bleus sont déployés dans les zones touchées par la LRA, malgré les attaques incessantes sur les civils au cours des deux dernières années.
Photos disponibles : http://wordsandpictures.oxfam.org.uk/?c=9550&k=ed9a41df1f
Mathilde Magnier : +33 1 77 35 76 00 / +33 6 43 85 82 97 / mmagnier@oxfamfrance.org