Les paysans et les paysannes sont-ils les laissés pour compte des financements mixtes publics-privés ?
Pour stimuler le développement agricole dans les pays en développement, les bailleurs ont de plus en plus recours à des financements mixtes, pratique qui consiste à combiner l'aide publique au développement avec des fonds privés. Si les financements mixtes peuvent créer de nouvelles opportunités d'injection de fonds supplémentaires dans le secteur alimentaire et agricole, le postulat qu’ils sont fondamentalement bénéfiques pour le développement de l'agriculture, et qu’ils constituent un moyen efficace de financer l'agriculture familiale et paysanne, n’est à ce jour pas corroboré par des preuves.
Tant que les bailleurs ne seront pas en mesure de démontrer à l'aide de données probantes le bien-fondé des financements mixtes, et en particulier leur impact et valeur ajoutée en faveur du développement, cette approche doit être adoptée avec précaution dans le domaine du développement rural. Cette prudence est d'autant plus justifiée au regard des obligations imposées aux bailleurs de contribuer à la réduction des inégalités sociales, économiques et entre hommes et femmes. L'intérêt accru manifesté pour les financements privés ne devrait pas occulter le rôle essentiel des financements publics dans la promotion d’une transformation agricole inclusive qui profite aux paysans et paysannes.