Impact du désarmement forcé sur les civils dans les Kivus
Les opérations militaires lancées contre les FDLR depuis le début de 2009 ont été présentées comme une tentative pour l'unité (Umoja Wetu) et la paix (Kimia II) qui ont si longtemps été éludées à l’est de la RDC1. De ce fait elles ont reçu un important soutien de la part de la communauté internationale, en particulier au travers de la force de maintien de la paix de l'ONU, la MONUC. Des avertissements ont été lancés à plusieurs reprises quant aux conséquences potentiellement dévastatrices auxquelles les populations civiles doivent faire face, et au danger que constitue l’idée qu’il s’agit du « prix à payer pour faire la paix ». En mai 2009, Oxfam et un certain nombre de ses partenaires se sont entretenus avec des habitants de certaines régions du Nord et du Sud Kivu, où ce prix est justement en train d’être payé.
Ce rapport reprend les conclusions importantes d'une évaluation de protection réalisée par Oxfam et un certain nombre de ses partenaires au cours de la deuxième moitié de mai 2009. Les menaces, les auteurs de délits et les solutions décrites dans ce rapport sont exprimés tel que les participants à l'enquête nous les ont signalés et traduisent la perception des 569 personnes vivant dans 20 communautés du Nord et du Sud Kivu, affectées par les opérations conjointes. Les noms des localités et des participants (y compris des partenaires) resteront anonymes afin de garantir la confidentialité et la sécurité des personnes impliquées dans l'évaluation.
Les témoignages de ces 20 communautés ont fait ressortir un certain nombre d’éléments importants concernant les opérations conjointes:
- Les opérations ont engendré une montée de la violence contre les civils dans toutes les régions affectées, y compris là où aucune offensive à l’encontre des FDLR n’avait encore été menée, au moment de l’enquête.
- Cette violence est souvent la conséquence directe des opérations, ainsi on note que de plus en plus d’attaques de représailles sont menées de part et d’autre à l’encontre des communautés, tout comme une recrudescence des abus causés par l’important déploiement militaire.
- A cela vient s’ajouter les problèmes liés à l'intégration rapide des combattants des milices au sein de l'armée, qui a été menée parallèlement lors du déploiement des FARDC pour les opérations, et par l'échec des mécanismes de protection et de justice.
- Tout cela engendre d’importantes conséquences indirectes, puisque les opérations ont engendré de nouvelles opportunités d'abus commis par toute une série d’acteurs.